Opéra Grand Avignon : Le bilan de fin de saison de Frédéric Roels

La saison 2021-2022 devait être celle de la résurrection, du retour des libertés créatives et du public dans les salles. Après les innombrables difficultés, le spectacle vivant retrouvait enfin une raison d’être essentiel. Pour notre numéro de rentrée, nous avions choisi comme couverture une salle de théâtre public. Quelques mois plus tard, qu’en est-il de ces arts de la scène ? Voici le bilan de fin de saison de Frédéric Roels, directeur de l'Opéra Grand Avignon.

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
3 mn de lecture
© Mickaël & Cédric - Studio Delestrade

Un coup de cœur à garder

Un coup de coeur peut-être inattendu, parce que ce n’est ni de l’Opéra, ni de la musique classique : le concert du Yaron Herman Trio à L’Autre Scène le 1er février était exceptionnel. Trois musiciens de très haut niveau, un voyage sensible et intense à travers la musique et la liberté de l’interprétation autorisée par le jazz. Dans un registre sans doute plus grand public, j’ai été très ému, comme les nombreux spectateurs ce soir-là, par Folia, le spectacle chorégraphié par Mourad Merzouki sur de la musique baroque jouée par le Concert de l’Hostel Dieu : on était dans la quintessence de ce que peut être un spectacle original de qualité, rassemblant tous les publics.

Un coup de gueule à pousser

Ce serait envers Monsieur Covid-19 et ses collaborateurs : il a donné un sacré coup de mou au public et a détruit littéralement des artistes, il s’est imposé et a cassé l’émotion du lien social physique. On ne s’embrasse plus, on se touche à peine, il faudra du temps avant de nous désinhiber à nouveau et retrouver ce plaisir intense du contact et de la proximité de l’autre.


Un regret, peut-être

J’espérais que Monsieur Covid-19 ayant effectué quelques pas de recul, les spectateurs allaient revenir en nombre dans les salles de spectacle, se précipiter pour retrouver les plaisirs perdus. Force est de constater que ça n’a pas été le cas. Le retour existe, mais il est timide et progressif. Nous devons reconstruire les choses avec patience.

Un espoir, sans doute

Poursuivre inlassablement, aller à la rencontre des gens, susciter de nouvelles découvertes et des émerveillements.

Une anecdote qui flatte l’égo

Nous avons inauguré l’Opéra rénové après quatre ans de travaux avec Peter Grimes, de Benjamin Britten, que je mettais en scène. Cet opéra, inconnu de la plupart du public et jamais donné auparavant à Avignon, a recueilli un très gros succès. Les retours ont été unanimement enthousiastes : les gens étaient ravis de découvrir un opéra avec une histoire forte et une musique puissante, ils se sont laissés porter par l’émotion.

Saison 21-22 : échec ou réussite ?

On peut toujours voir un verre à moitié plein ou à moitié vide. Nos salles ne sont pas encore remplies complètement, mais elles sont ouvertes et suscitent des émotions. Quand dix ou vingt spectateurs viennent me voir après un spectacle et me disent leur reconnaissance pour ce moment qu’ils ont vécu avec intensité, même s’il y avait des places vides dans la salle, je me dis que je fais un métier formidable.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.
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