« En état d’urgence », la Secret Place lance un appel à l’aide

La scène indépendante du rock, située à Saint-Jean-de-Védas, lance un message d'alerte à propos de sa situation financière. Le lieu incontournable de la métropole est menacé par les différentes crises depuis plusieurs années.

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
6 mn de lecture
© Peter Avondo - Snobinart

Mise à jour du 20/01/2022 :
Suite à une forte demande de la part du public pour soutenir la Secret Place, deux solutions sont proposées aux particuliers :
– Une cagnotte Leetchi créée par un fan accessible via ce lien.
– La mise en place d’une carte « Membre Bienfaiteur » à 5 tarifs différents, à se procurer sur la billetterie de la Secret Place.


La période aurait dû être particulièrement festive pour la Secret Place à Saint-Jean-de-Védas, qui fêtait en 2021 son vingt-cinquième anniversaire. Pourtant, à l’aube d’une nouvelle année qui s’annonce déjà difficile pour les événements culturels, tout est remis en question pour l’antre montpelliéraine du rock.

Il y a à peine un an, l’espoir d’un nouveau jour avait nettement remotivé les troupes de la Secret Place, qui n’avaient qu’une idée en tête : rouvrir à tout prix les portes de la salle et rebrancher les guitares. Nous étions alors en mai 2021. Après un parcours éreintant, la scène rock avait finalement été choisie par le Ministrère de la Culture pour mener une étude sur les risques de contamination dans le cadre d’un concert. Depuis, d’autres éléments sont entrés en compte, et si ces fameux concerts-test n’ont jamais vu le jour, la Secret Place a bien fini par reprendre ses activités pendant quelques temps. Au mois de décembre, le lieu a même pu organiser l’événement caritatif Les Rockeurs ont du cœur, une soirée en partenariat avec le Secours Populaire qui a permis de récolter de nombreux jouets à destination des enfants défavorisés.

Seulement voilà, parfois toute la bonne volonté du monde ne suffit pas à s’en sortir. C’est précisément le constat fait en ce début d’année par l’association Tout À Fond (TAF) qui gère la salle. À sa tête, le président François Pinchon dit Fyfy, présent depuis les premiets instants, lance un message d’alerte poignant : « les caisses sont vides (…) tous les mois il nous faut payer les salaires de 11 personnes, plus toutes les charges (…) si nous ne le faisons pas, nous ne pourrons que disparaître. C’est aussi simple que ça ! ». Le lieu, qui ne reçoit aucune aide directe de l’État, peine à maintenir la tête hors de l’eau.


En faisant le bilan des trois dernières années, il faut dire que les obstacles n’ont cessé de se dresser sur la route de la Secret Place, pourtant seule salle indépendante du rock à Montpellier. Depuis 2018 et les manifestations des gilets jaunes qui ont longtemps perturbé le trafic vers la salle de concert, jusqu’aux vagues successives de Covid-19 et aux mesures sanitaires plus que contraignantes, les organisateurs n’ont pas été épargnés.

Après les annonces fin décembre 2021 instaurant l’interdiction des concerts debout pour ce début d’année, la Secret Place est désormais « en état d’urgence« . Au bout de deux années passées à se réinventer et à élargir ses horizons, la salle est à l’agonie. Jusqu’en mars, la grande majorité des concerts a déjà été annulée, et les rares événements maintenus, compte tenu des jauges imposées, ne permettent pas de rentabiliser le fonctionnement même du lieu. Un bilan alarmant qui se caractérise par la fonte de la masse salariale (l’équipe ne comptera bientôt plus que 5 employés sur les 11 habituels), aussi bien que sur le chiffre d’affaires (seulement 15% des recettes attendues).

Le constat est identique du côté du Freakshow (anciennement Nu-Bahia), dont le directeur Pascal Portugues rappelle que la saison hivernale permet généralement de « faire des réserves pour l’été« , une stratégie mise à mal par les circonstances et l’absence de soutien institutionnel. Car contrairement aux SMAC (Scènes de Musique Actuelle) et autres lieux subventionnés, l’appui financier et matériel peine à se concrétiser en faveur des salles indépendantes.

Au-delà de la survie même du lieu comme espace de diffusion artistique, l’association s’inquiète également pour les artistes émergents et locaux, accueillis dans les studios d’enregistrement et de répétition, et qui pourraient se retrouver bientôt sans possibilité de travailler, du fait de la situation.

Pour mettre toutes les chances de son côté, la Secret Place adresse donc un SOS aux institutions et aux mécènes. Sans leur soutien, la salle n’est pas certaine de survivre jusqu’au printemps.

Face à cette crise sans précédent, nous ne pouvions pas rester insensibles, d’autant que Snobinart a toujours eu l’ambition et la fierté de défendre les acteurs culturels de notre territoire. L’équipe du magazine s’associe donc à la cause de la Secret Place en adressant ce message : on sait à quel point l’équilibre culturel est fragile ces dernières années, à nous tous de le maintenir en défendant ceux qui défendent les artistes.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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