Depuis janvier 2025, l’Institut français de Jérusalem s’est lancé dans une grande opération de sauvetage de la scène artistique palestinienne, intitulée SAWA SAWA. Face aux conflits qui ne cessent de gangréner la région du Proche-Orient, c’est par la culture que l’organisme entend répondre. Ainsi, tout au long de l’année, 57 périodes de résidence sont organisées au profit d’artistes originaires de Palestine. Parmi ces temps, certains s’inscrivent dans une démarche au long cours portée par des structures et événements qui ont pour ADN de s’ouvrir sur le monde. C’est notamment le cas du festival Sens Interdits à Lyon, qui accueillera cet été l’actrice Rula Nassar, ou du Théâtre des 13 vents à Montpellier, dont la troisième Biennale des Arts de la Scène en Méditerranée entrera en écho avec la présence de la comédienne Mays Assi cet automne.
Sur l’ensemble du territoire national, la pluridisciplinarité est de mise, avec des lieux d’accueil sensibles aux différents domaines artistiques représentés. Arts plastiques et visuels, cinéma, musique, danse et théâtre ont en effet toute leur place dans cet événement qui se poursuit jusqu’à la fin de l’année. Plus qu’une volonté d’offrir une certaine visibilité – notamment professionnelle – aux artistes résidents, SAWA SAWA témoigne d’un désir fort de permettre à la culture palestinienne de s’épanouir, dans un contexte qui voudrait au contraire l’anéantir. La mise en place d’un tel réseau de résidences apparaît pour le moins engagée, d’autant plus dans les circonstances financières et politiques que connaît la culture en France.
Entre Avignon et Cavaillon, une résidence de territoire
Parties prenantes de cette opération de grande envergure, La Garance – Scène nationale de Cavaillon et le Théâtre du Train Bleu à Avignon s’associent en recevant Nowwar Salem et Ramz Sayyam. Depuis le 9 mars – et avant cela, à la Scène nationale Carré-Colonnes –, les deux danseuses travaillent à l’élaboration d’un projet mettant en commun leurs approches respectives. Pour l’une comme pour l’autre, c’est autour de l’apprentissage et de la transmission qu’elles abordent leur discipline, l’enseignement faisant partie des activités qui les unissent.
Du côté de La Garance et du Train Bleu aussi, l’alliance fait donc la force. Et pour cause, en travaillant main dans la main, les deux structures offrent aux artistes accueillies un accompagnement complémentaire. En mettant à profit deux méthodologies et deux réseaux habituellement distincts, ce sont autant d’opportunités qui découlent de cette collaboration aux visages multiples, d’autant qu’elle prend effet sur un vaste territoire, lui-même impliqué dans le processus par la force des choses.
Cette pluralité ressort d’ailleurs comme d’une grande richesse à travers l’ensemble du dispositif SAWA SAWA, qui permet précisément de tisser des liens entre les différents lieux. Une fois leur résidence dans le Vaucluse terminée, Nowwar Salem et Ramz Sayyam seront attendues au Safran à Amiens, avant de terminer leur périple français au TANDEM à Douai, courant juillet. Une expérience de longue durée qui aura également facilité les rencontres avec les professionnels et les publics, rappelant s’il en était besoin que la création artistique ne saurait se soumettre ou s’abstenir, quelles que soient les raisons.
