« Mazùt », plongée dans l’onirisme de Baro d’evel

Après sa création au Festival Montpellier Danse en 2012, la compagnie franco-catalane Baro d’evel reprend depuis deux saisons le spectacle Mazùt, l’occasion de se plonger dans un univers à part pour ces artistes qui brouillent toutes les références établies.

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture Théâtre La Vignette
3 mn de lecture
© Baro d'evel

Bienvenue dans l’univers de Baro d’evel, un espace flou et chaotique comme les rêves. Ici vous pouvez laisser votre imagination prendre le dessus et vous embarquer dans une traversée onirique et sans logique. Dans Mazùt, reprise de 2012, tout ce qu’il y avait d’humain et d’établi s’est volatilisé, laissant place à une zone d’incertitude, de flottement, où les deux interprètes semblent évoluer parce qu’il le faut bien. D’ailleurs, toutes les notions de théâtre, de danse ou de cirque se sont évaporées elles aussi. L’objet qu’on nous propose n’a plus rien d’identifiable, il prend forme dans la poésie et dans l’absurde, au gré des trouvailles scénographiques qui invitent à la rêverie.

Davantage que l’interprétation elle-même – qui apparaît parfois inégale et fragile dans la continuité du spectacle –, le travail des objets au plateau est particulièrement notable. Comme conçu de bric et de broc avec beaucoup d’ingéniosité et un sens certain de l’esthétique, Mazùt révèle une approche artistique du sensible. De compositions musicales et sonores à base de gouttes d’eau tombées d’un toit qui fuit, en feuilles de papier que l’on froisse, que l’on assemble et que l’on utilise comme costumes autant que comme décors, c’est un terrain de jeu entre la magie enfantine et la désillusion des adultes qui se dessine. Ici tout peut exister précisément parce que rien n’est véritablement.

Il est pourtant difficile de se défaire d’une lecture tournée vers l’humain. Perte de la notion de sens du travail, considérations environnementales – le titre du spectacle nous y amène évidemment –, abandon de soi ou des autres… Il y a tout de même quelque chose de très concret dans cet espace mental indéterminé. Mais en dépit de ces thématiques que l’on ne peut oublier totalement – et pour cause, les parois ne semblent pas étanches –, l’écriture du spectacle nous convie à nous en protéger, au moins temporairement. Nous réfugiant dans un cocon de papier au-delà duquel le monde continue de tourner, Baro d’evel conçoit avec Mazùt comme une cabane dédiée aux rêves et à la poésie. À chacun d’y trouver ce dont il a envie.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.
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