Luchini compare la crise sanitaire à la pièce « Knock ou le triomphe de la médecine »

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
4 mn de lecture

Fabrice Luchini a donné son avis sur Instagram à propos de la crise sanitaire et sa gestion pour le gouvernement. Le comédien a comparé notre époque à la pièce Knock ou le triomphe de la médecine de Jules Romains.

Depuis le confinement, Fabrice Luchini s’est inscrit sur Instagram (pour notre plus grand plaisir). Depuis, l’acteur nous fait découvrir des textes sublimes, en les comparant parfois avec l’actualité. Dernier événement en date ? L’annonce du couvre-feu de 21h à 6h du matin pour plusieurs métropoles de l’hexagone. Les mots du Président de la République n’ont pas laissé insensible Fabric Luchini qui a apporté son soutien aux restaurateurs tout en comparant la crise sanitaire à… Knock ou le triomphe de la médecine !

Cette pièce de théâtre de Jules Romains a été jouée pour la première fois en 1923. Depuis, elle est devenue un classique du théâtre français. Luchini a lu ce passage :

KNOCK
Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d’individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c’est de les déterminer, de les amener à l’existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde ce qui va pouvoir en sortir : un tuberculeux, un névropathe, un artério-scléreux, ce qu’on voudra, mais quelqu’un, bon Dieu! quelqu’un! Rien ne m’agace comme cet être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien portant.

LE DOCTEUR
Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit!

KNOCK, tandis qu’il s’essuie les mains.
Cela se discuterait. Car j’ai connu, moi, cinq personnes de la même famille, malades toutes à la fois, au lit toutes à la fois, et qui se débrouillaient fort bien. Votre objection me fait penser à ces fameux économistes qui prétendaient qu’une grande guerre moderne ne pourrait pas durer plus de six semaines. La vérité, c’est que nous manquons tous d’audace, que personne, pas même moi, n’osera aller jusqu’au bout et mettre toute une population au lit, pour voir, pour voir! Mais soit! Je vous accorderai qu’il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner les autres, ou former, à l’arrière des malades en activité, une espèce de réserve. Ce que je n’aime pas, c’est que la santé prenne des airs de provocation, car alors vous avouerez que c’est excessif. Nous fermons les yeux sur un certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de gens leur masque de prospérité. Mais s’ils viennent ensuite se pavaner devant nous et nous faire la nique, je me fâche. C’est arrivé ici pour M. Raffalens.

Fabrice Luchini n’hésite pas à parler de cette pièce comme d’une « prophétie de Jules Romains ». Cette satire de la médecine raconte l’histoire du Docteur Knock qui rachète un cabinet sans patient au Docteur Parpalaid. Pour avoir de la clientèle, le Docteur Knock spécule sur la peur de la maladie et appelle les habitants du canton à se soigner, tout en fédérant autour de lui le pharmacien, l’instituteur… Après trois mois d’absence, le Docteur Parpalaid découvre son ancien canton « au lit ».

Crédit photo : JOEL SAGET / AFP

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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