Le Printemps des jeunes comédiens de l’ENSAD

Cette année encore, le Printemps des comédiens fait la part belle à la nouvelle scène en intégrant à sa programmation trois créations imaginées avec l’ENSAD (École Nationale Supérieure d’Art Dramatique). Ces trois productions, qui vont bien au-delà du spectacle de sortie d’école, marquent une volonté du festival montpelliérain de se tourner aussi vers l’avenir. Rendez-vous est donné au Hangar Théâtre pour découvrir ces trois – longues – pièces, qui seront jouées alternativement pendant le festival.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
5 mn de lecture

Il ne s’agit pas de se débarrasser des élèves une fois leur cursus d’apprentissage terminé. À l’instar d’autres grandes écoles nationales – on pense au TNS ou à L’école du Nord, par exemple –, l’ENSAD Montpellier propose en sortie d’études une opportunité des plus pertinentes : engager les élèves comme comédiens professionnels dans des créations sur mesure. L’objectif de ces spectacles va évidemment bien au-delà des représentations publiques dans le cadre du Printemps des comédiens. Il s’agit de concevoir des formes capables de tourner par la suite, de sorte que les jeunes interprètes aient ainsi toutes les possibilités de lancer leur propre carrière. Ce format, rendu possible grâce au fonds d’insertion professionnelle dédié (FIPAM), devient alors un outil indispensable pour la visibilité des élèves de l’ENSAD, qui ont par ailleurs l’occasion de travailler aux côtés de metteurs en scène aguerris. Tour d’horizon des trois créations proposées dans le cadre de cette édition 2024.

Tristesse animal noir

Sous la mise en scène de Katia Ferreira – qui joue cette année pour Cyril Teste dans Sur l’autre rive et avant cela dans La Mouette au Printemps 2021 –, c’est une pièce sombre et viscérale qui attend les interprètes de l’ENSAD avec ce texte d’Anja Hilling. Avec une distribution originale qui fait déjà la place à une création chorale, la metteuse en scène s’intéresse aux rapports qu’entretiennent ces jeunes gens perdus en pleine forêt, dont les révélations sous le coup d’une soirée alcoolisée réveillent les passions et les rancœurs. C’était sans compter sur une catastrophe nocturne : celle d’un feu immense qui ravage la nature autour d’eux, et qui va laisser l’horreur et le cauchemar. De cette pièce, déjà réputée pour sa profondeur et la puissance de ses mots, trouvera ici à n’en pas douter un écho tout particulier avec pas moins de quatorze interprètes, pour une traversée d’environ 3h.

Les 2, 6 et 13 juin à 20h
Les 8 et 15 juin à 17h

Création ENSAD - Le Malheur indifférent - Georges Lavaudant
Le Malheur indifférent. Photo : Clara Lambert

Le Malheur indifférent

C’est à une autre forme que s’attaque Georges Lavaudant pour la création qui lui est confiée par l’ENSAD. Son choix ne s’est en effet pas porté sur un texte de théâtre, mais sur l’adaptation d’un roman : Le Malheur indifférent de Peter Handke. Cette œuvre fait partie des livres de chevet du metteur en scène, qui cherche sous la plume de l’auteur ce qui peut précisément passer du livre au plateau dans ce récit, et comment le faire. Car l’œuvre originale est une rencontre puissante entre l’histoire intime, celle d’une mère suicidée à 51 ans dont on essaie de comprendre le désespoir, et les causes possibles d’un contexte, celui d’une Allemagne rongée par les guerres et les crises. Dans cette nébuleuse, il reste néanmoins une certitude : celle de la nécessité d’un spectacle. Ainsi Lavaudant propose-t-il aux élèves de participer à une adaptation pleine et entière qui prend sens dans son ensemble, après plus de 2h de représentation.

Les 31 mai, 5 et 12 juin à 20h
Les 8 et 15 juin à 14h

Arche. Photo : Patrick Laffont de Lojo

Arche

De son côté, le directeur de l’ENSAD Gildas Milin s’est engagé avec ses élèves dans un projet de grande envergure : une création travaillée depuis plusieurs années qui fait entrer le théâtre dans une autre dimension, dans une autre temporalité. Avec Arche, le metteur en scène propose une plongée de deux cents ans, à l’occasion d’une épopée qui débute en 1880, à la Pitié Salpêtrière. En cherchant au travers des siècles les liens qui unissent la médecine et le théâtre, Gildas Milin creuse par ailleurs profondément chacun de ces domaines, dans une fiction entre documentaire et anticipation. Public comme interprètes, il s’agit d’avoir le cœur bien accroché pour cette création de 5h pleine de promesses qu’il nous tarde de découvrir.

Les 1er, 7 et 14 juin à 20h
Les 8 et 15 juin à 21h

Partager cet article
Avatar photo
Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
Suivre :
Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
1 commentaire

Abonnez-vous au magazine Snobinart !