Le texte de la pièce se termine comme il a commencé. Littéralement. Mais notre regard sur ces quelques phrases se voit changé du tout au tout après le monologue de Franz, qui se confie à l’aube de son exécution sur son parcours de jeune homme allemand au cours des années sombres. Dans l’intimité de sa cellule autant que dans l’espace infini de ses souvenirs, il partage avec le public son parcours, de la ferveur des jeunesses hitlériennes à l’insoumission et la révolte de la Rose blanche, ce groupe militant de résistance souvent oublié des livres d’histoire.
L’auteur et metteur en scène Geoffrey Lopez, que nous avons déjà pu découvrir dans la pièce Macbeth en début de festival, nous offre encore du beau théâtre, dans un style pourtant radicalement différent mais qui s’attache encore aux émotions et sentiments profonds du personnage. Ce portrait imaginé à partir de témoignages réels est porté sur scène par Antoine Fichaux, dont le corps et la voix se donnent sans réserve et nous emportent avec lui dans une introspection tantôt effrayante, tantôt touchante, avec beaucoup de nuances et toujours dans la justesse.
Tout gamin, le personnage de Franz était viscéralement attiré par la foi patriotique du nationalisme allemand, quitte à délaisser sur son ascension vers le pouvoir sa propre famille. Dans ces scènes de ferveur quasi religieuse, on ressent une construction d’une telle intensité qu’il est difficile de rester insensible au discours qui, pour une fois, change de camp. Mais lorsque la violence devient trop évidente, trop présente, trop proche aussi, le jeune homme ouvre les yeux sur ce mouvement qu’il considérait comme salvateur.
Alors il choisit, en conscience du danger que cela implique, de passer du côté de l’opposition, de la résistance. Là encore, le parcours d’idées du personnage est rendu avec une grande sensibilité qui nous touche, qui nous émeut et nous emmène jusqu’à la guillotine. Soutenu par des lumières et effets scénographiques qui donnent une dimension grave ou douce au discours, le texte est fort, bien écrit, il nous atteint quoiqu’il arrive. Une belle réussite sur un sujet qui, aujourd’hui, trouve un écho essentiel et mérite une grande visibilité.
TEXTE ET MISE EN SCÈNE
GEOFFREY LOPEZ
AVEC
ANTOINE FICHAUX
MUSIQUE
BRICE VINCENT
LUMIÈRES
FILIPE GOMES ALMEIDA
COSTUMES
PATRICIA DE FENOYL