Madame X, Madonna Queen of Auto-tune

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
3 mn de lecture

Très attendu depuis le dernier opus “Rebel Heart”, la reine de la pop revient quatre ans plus tard avec son quatorzième album studio dévoilé le 14 juin 2019, “Madame X”. Nous l’avons écouté pour vous.

Pour commencer par les choses les moins agréables, difficile de faire l’impasse sur l’utilisation à outrance du fameux Auto-tune qui a, paraît-il, révolutionné l’industrie musicale. La quasi totalité des quinze titres de l’album est passée par le logiciel magique, ce qui, en plus de déformer la voix de la Madone, laisse une impression de linéarité à l’écoute, ôtant aux morceaux leur identité.

Notons également la présence de nombreux titres qui tiennent plus du rap que de la pop, notamment sur les duos réalisés avec Maluma ou Quavo, pour lesquels la voix de Madonna sonne davantage comme un argument commercial.

Dans l’ensemble, les mélodies ont peu de relief, lorsqu’elles ne sont pas absentes, et le premier tiers de l’album laisse un arrière-goût de musique expérimentale, les rythmes et les musiques semblant avoir été rafistolées sans aucune logique.


Mais rassurez-vous, tout n’est pas à jeter pour autant. Au-delà de la forme parfois étrange, en tout cas étonnante, Madonna renoue sur le fond avec les thèmes qu’elle a toujours portés, et se pose comme ambassadrice des opprimés. Malgré des paroles assez peu recherchées (“Je sais qui je suis et je sais qui je ne suis pas”, Killers who are partying), elle défend à la fois l’enfance, les religions, les sexes et les sexualités, ou encore les peuples de toutes origines, comme un affront au gouvernement en place aux États-Unis.

Résidant au Portugal depuis quelques années, la Madone intègre également à son album des sons et des mots inspirés de la culture dans laquelle elle vit désormais. Elle explore ainsi des sonorités latinos et des paroles portugaises maîtrisées, dans des morceaux qui ne réussissent pourtant pas à valoriser l’héritage culturel de son nouveau lieu de résidence.

Sur les quinze titres de l’album, deux sortent pourtant particulièrement du lot (Extreme Occident et Looking for mercy). Étonnamment, il s’agit de deux chansons particulièrement intimes, dans lesquelles la chanteuse assume ses failles et ses erreurs. Sur des airs doux et mélodieux, la voix se pose alors sans fioriture, dévoilant une fragilité qui fait plaisir à entendre.

Pour résumer, Madonna signe ici un album relativement sombre, dont les sonorités et les arrangements peuvent surprendre, mais qui a au moins le mérite d’amener la reine de la pop où on ne l’attend pas.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.
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