Critique ciné : « Drunk » à consommer sans modération

Martin Loucheux
4 mn de lecture

La phrase d’Alfred de Musset « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » résume assez bien l’idée générale du nouveau film de Thomas Vintenberg. Celui-ci nous raconte l’histoire de quatre amis, en particulier celle de Martin, interprété par Mads Mikkelsen, dont la vie devenue monotone a perdu toute sa saveur. Ils décident alors de mettre en application la théorie d’un psychologue norvégien, affirmant que le corps humain aurait un déficit d’alcool dans le sang. Bien motivé à l’idée de combler ce vide afin de remettre du piment dans sa vie de couple et professionnelle, Martin suit scrupuleusement cette méthode au quotidien avec ses trois amis, avant de s’apercevoir que la situation devient totalement hors de contrôle.

Présent en sélection officielle au Festival de Cannes de cette année 2020, on peut aisément penser que le film aurait eu toutes ses chances de figurer au palmarès. Car oui, Drunk est une très grande réussite. Une ode à la vie, dans laquelle Thomas Vinterberg nous questionne de manière brillante sur les enivrants excès de la vie. L’alcool est une recette complexe qui a ses limites, quasiment impossible à maitriser. Comme chacun le sait, à consommer avec modération. Mais le film nous le présente surtout comme un moyen de se sentir à nouveau vivant, de raviver une flamme intérieure éteinte depuis trop longtemps. Une notion valable à la fois pour les plus jeunes comme pour les plus âgés. Ici, ce sont les professeurs et les élèves, présentant chacun les mêmes failles. En ce sens, l’un des objectifs du film est de rassembler. Le réalisateur danois réussit donc à trouver le bon équilibre dans la morale de son œuvre, entre prévention et bienfaisance de la folie. Sans rien révolutionner d’un point de vue de la réalisation, il dynamise sa mise en scène au fur et à mesure que s’accélère la déchéance de ses protagonistes.

(Photos : Production et distribution Haut et court)

Si le film brille par la qualité et l’intelligence de son récit, il doit également sa réussite en grande partie à son acteur principal. Lauréat du prix d’interprétation masculine en 2012 au Festival de Cannes pour La Chasse du même réalisateur, Mads Mikkelsen nous démontre une fois encore que son talent est immense, qu’il est un acteur complet, capable de jouer des rôles extrêmement différents.

A l’heure des multiples restrictions, ses thèmes sur la liberté, sur l’excès, ajoutent au film une dimension supplémentaire. C’est une véritable bouffée d’air frais dans la période que nous vivons.


Drunk restera très probablement un grand cru de cette année ciné. A la fois drôle, touchant, intelligent et moderne, il réussit à nous transporter dans ce grand vertige, du début jusqu’à une séquence finale musicale grandiose qui nous remplit d’optimisme. « What A Life ! »

(Photos : Production et distribution Haut et court)

Martin Loucheux

Cinéphile rompu à l’exercice de la décortication et de la critique d’une œuvre, Martin Loucheux analyse pour Snobinart les dernières sorties cinéma. Il partage ainsi sa passion et ses avis avec le lecteur, autour des films les plus attendus.

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