Avec « Möbius », la Compagnie XY s’envole sans effort

Créé en 2019, Möbius est le cinquième spectacle conçu par la Compagnie XY. Pour ce nouvel opus, les acrobates ont travaillé avec le chorégraphe Rachid Ouramdane autour d’un événement naturel d’une grande poésie : les murmurations des oiseaux.

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture Théâtre de Nîmes
3 mn de lecture
© Christophe Raynaud De Lage

C’est comme lever haut le regard dans le ciel et assister aux vols groupés des étourneaux. C’est comme ça, et ce n’est pas un hasard. Prenant cette image pour inspiration pour sa création Möbius, la Compagnie XY imagine une pièce en forme de parenthèse contemplative avec le concours du chorégraphe Rachid Ouramdane. Pendant plus d’une heure, les interprètes y évoluent seuls, en collectif, ou seuls contre le collectif, au gré d’une écriture du plateau qui joue sur la continuité plutôt que sur l’enchaînement de numéros. En cela, la troupe propose un spectacle qui ne se situe plus tout à fait dans le cirque, pas tout à fait dans la danse, mais qui arpente des chemins de l’ordre du naturel, de l’instinctif.

En dépit de la lumière qui écrase au sol les tentatives d’élévation des acrobates, la métaphore se lit avec beaucoup d’évidence et donne lieu à des trouvailles intéressantes. Dans ce cycle infini ou sans cesse renouvelé – qui rappelle à juste titre le fameux Ruban de Möbius –, les acrobates s’agglomèrent et se dispersent avec une aisance qui ouvre une ode à la liberté, bien que parfois relative. Car si la dynamique de groupe qui s’exprime à travers ces murmurations est d’une indéniable poésie, elle est aussi faite de tentatives – parfois échouées – de s’en affranchir ou de s’y joindre. Et c’est dans la fusion de ces deux lectures, individuelle et globale, que Möbius trouve tout son sens et son harmonie.

Les artistes de la Compagnie XY, qui participent collectivement à l’écriture de leurs créations, ne résistent pas à quelques démonstrations de force, soulevant l’admiration du public et les applaudissements devant les prouesses réalisées. Mais loin d’en faire leur principale ligne de conduite, ils proposent en vérité une pièce finement conçue qui n’hésite pas à prendre le temps de la construction, de l’énergie fluctuante et de l’écoute – au plateau autant qu’avec la salle. Ouverte comme une lente invitation à la curiosité, la parenthèse Möbius se ferme plus brutalement dans une obscurité soudaine et nous laisse quelques images poétiques, subtiles et délicates.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.
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