Ron Mueck, quand l’hyperréalisme rencontre le monumental à la Fondation Cartier

Les immenses sculptures troublantes de Ron Mueck ont investi la Fondation Cartier après deux expositions en 2005 et 2013. Les oeuvres monumentales de l'artiste australien ne laissent pas indifférent un public fasciné.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture

Un artiste de l’extrême… En vingt-cinq ans de carrière, Ron Mueck n’a réalisé « que » 48 pièces. C’est peu diront certains, mais il faut plusieurs mois à l’artiste pour réaliser chacune d’entre-elles.

Ron Mueck est né en Australie en 1958. Aujourd’hui, il est installé sur l’île de Wight dans la Manche. Il commence sa carrière dans l’art en 1996, créant des pièces troublantes par leurs dimensions.

Dix ans après sa dernière exposition à la Fondation Cartier, Ron Mueck installe un ensemble de sculptures jamais montré dans l’hexagone, associées à d’autres emblématiques de son parcours artistique. Chacune d’entre-elles fascine par son sujet, par sa taille et par son hyperréalisme, provoquant chez le spectateur un sentiment d’inquiétante étrangeté.

Les sculptures les plus anciennes sont Baby (2000), Man in a Boat (2002) et A Girl (photo de couverture, réalisée en 2006). Ces réalisations du début du siècle sont le produit de l’obsession de Ron Mueck pour la représentation du corps humain. A cette époque, le sculpteur se passionnait pour la reproduction de l’anatomie, se souciant des détails quasi imperceptibles de la peau, des cheveux, des yeux… dans le but de s’approcher toujours plus d’un réel troublant. La sculpture monumentale A Girl captive particulièrement les spectateurs qui se retrouvent devant un nouveau-né qui ouvre pour la première fois les yeux sur le monde. C’est une façon pour l’artiste de partager sa vision du miracle de la vie.


« Mass » de Ron Mueck (2017) – Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

L’exposition débute par une installation hallucinante de crânes qui s’intitule Mass. Cette oeuvre fût réalisée en 2017 pour la Triennale de la National Gallery of Victoria de Melbourne. Exposée ici dans la salle principale de la Fondation, l’oeuvre se compose de cent crânes humains géants disposés en tas les uns sur les autres. Installée dans la salle juste à côté de A Girl, cette évocation de la mort est une belle ironie qui se présente à côté d’un symbole de vie. En quelques pas, le visiteur est encore plus troublé devant cette métaphore de la brièveté de la vie, passant du nouveau-né, unique, trônant au centre de l’espace, à l’amoncellement de crânes représentant la mort et l’oubli.

En tout, ce sont sept oeuvres qui sont exposées. Chacune d’entre-elles fascine par leur taille et leur réalisme. Des pièces troublantes qui dérangent et portent une grande part de mystère.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.
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