Il est certainement le peintre vivant le plus connu au monde… il possède d’ailleurs le record de l’oeuvre la plus chère vendue aux enchères pour un artiste vivant (90 millions de dollars pour « Portrait of an Artist » en 2018)… et il est actuellement célébré dans le sud de la France. En effet, le Musée Granet d’Aix-en-Provence consacre une grande partie de ses murs à une rétrospective centrée sur la production de l’artiste anglais depuis le 28 janvier et jusqu’au 28 mai.
Lorsque nous étions allés à la Tate Modern en novembre dernier, le musée britannique proposait aux londoniens de découvrir de nombreuses toiles de Paul Cézanne. Voici donc l’inverse qui se produit avec les peintures de David Hockney accrochées en Provence. Ce sont d’ailleurs les oeuvres de la collection de la Tate qui sont présentées pour cette exposition David Hockney, Collection de la Tate (qui a déjà fait escale au Bozar à Bruxelles en 2021, au Kunstforum de Vienne au printemps 2022 et au Kunstmuseum de Lucerne durant l’automne dernier).
Le Musée Granet nous propose donc de découvrir une exposition très complète qui retrace plus de soixante ans de la carrière artistique de David Hockney. La centaine d’oeuvres présentes montre aux visiteurs la richesse formelle de l’artiste qui passe de la peinture au dessin, de la gravure aux outils numériques en passant par la photographie. Ces pièces témoignent d’une oeuvre incessamment renouvelée et en évolution constante.
Lorsqu’il arrive sur la scène artistique dans les années 1960 après des études au Royal College of Art, David Hockney s’inscrit dans une génération en rupture avec les conventions des aînés. Durant cette période, la jeunesse souhaite s’émanciper par elle-même et avec ses propres valeurs. C’est la période de la Pop Music, du Pop Art… David Hockney radicalise sa création en compagnie d’autres jeunes Britanniques en révélant un nouveau langage figuratif.
Durant sa longue carrière, David Hockney n’aura de cesse de s’inspirer de son époque (des Swinging Sixties jusqu’à aujourd’hui…), de ses lieux de vie (Angleterre, New-York, Los Angeles, Normandie…) créant ainsi un motif capital de sa création : le rapport entre l’espace et le temps. C’est grâce à ses émotions d’observateur d’une époque en constante modification qu’il peint. Cela ne l’empêche pas de faire référence à l’histoire de la peinture, mais le peintre inscrit ses tableaux dans la culture de son temps. Ces peintures sont empruntées d’une forte intimité. Hockney peint ses lieux de vie, ses sentiments, son identité, sa sexualité, ses créations, ses amis, sa famille, ses amours… D’un point de vue formel, chaque oeuvre se comprend par les détails qui s’expriment sur sa façon de jouer avec la perspective mais aussi par son goût pour les couleurs éclatantes… Ainsi, David Hockney créé différentes formes de compréhension et plusieurs axes de lecture dans ses tableaux. Le spectateur se trouve alors habité par des émotions fortes, résultats des obsessions de David Hockney esquissées sur les toiles.
Certains regretteront l’absence d’oeuvres issues de sa série des piscines, mais l’exposition reste d’une richesse incroyable. Les oeuvres ont été brillamment mis en espace et le commissariat brillamment assuré par Helen Little (curatrice indépendante pour la Tate) Bruno Ely (directeur du musée Granet) et Paméla Grimaud (conservatrice). Une exposition magistrale à ne pas manquer au Musée Granet jusqu’au 28 mai.
