Depuis le 30 octobre, et pour la deuxième fois cette année, les librairies se sont vu contraintes de fermer leurs portes au public. Dans le cadre de mesures sanitaires qui n’ont d’un confinement que le nom, et face aux dérogations qui se multiplient, le secteur du livre souffre encore et toujours de la politique à deux temps menée par le gouvernement.
Si une tolérance a été appliquée pour autoriser les librairies à pratiquer la vente à emporter, cette méthode est insuffisante au regard de la situation interminable dont les professionnels peinent déjà à se relever. La culture n’est pas un produit que l’on consomme comme un burger de fast-food. C’est une recette que l’on conçoit, que l’on adapte jour après jour, au gré des films, des livres, des photos, des spectacles, de ce qui nous imprègne.
Un livre ne se choisit pas sur un gigantesque catalogue en ligne, où les suggestions sont menées par des algorithmes faussés et basés sur des chiffres. La littérature est un voyage qui commence à l’entrée d’une librairie, se poursuit parmi les rayons emplis de l’odeur de l’encre et du papier, et se termine par un échange passionné avec une femme ou un homme qui vibre par son travail de libraire.
Combien de fois êtes-vous entré(e) dans une librairie sans savoir ce que vous alliez y découvrir ? Arpenter les allées, glisser ses yeux le long des étagères et se laisser surprendre, émouvoir, choquer, happer par un titre, une couverture, un auteur. C’est là toute l’essence de la librairie, qui ne peut en aucun cas être traduite par quelques clics sur un site internet.
La résistance ou la résilience
Si le fameux Click&Collect, qui fait la fierté de certains, a rapidement été mis en place pour maintenir le livre à flot comme on sauve des meubles, certains libraires constatent avec impuissance que cette solution ne suffit plus. Face à des géants comme Amazon, qui continuent de voguer paisiblement en proposant des livraisons rapides et à moindres frais, les librairies indépendantes ne font pas le poids.
Quelle solution, alors ? Depuis quelques jours, les réseaux sociaux relaient des appels à la résistance. Comme en temps de guerre, on pèse le pour et le contre et on se mobilise. Ainsi, une pétition en faveur de la réouverture des librairies a été lancée sur le site change.org. Elle a déjà recueilli près de 200 000 signatures. Ayez vous aussi voix au chapitre en apportant votre soutien à cette cause.
En parallèle, certains établissements passent à l’action, à l’image de la librairie Les Oiseaux Livres, en Haute-Vienne, qui appelle à une ouverture pure et simple des librairies indépendantes le samedi 14 novembre. Mettant en avant que « l’amende pour ouverture non autorisée [est] de 135€ », elle compte bien instiguer une mobilisation « contre la décision irresponsable du gouvernement de laisser la culture aux prédateurs de la vente en ligne ».
Partagé à de nombreuses reprises, notamment par des éditeurs comme H&O dans l’Hérault, cet appel semble prendre de l’ampleur dans le secteur du livre. Reste à savoir jusqu’où ces cris d’alerte seront entendus. Les Oiseaux Livres assurent toutefois que l’ouverture aura lieu « dans le respect des consignes sanitaires ».