Apolonia Sokol par Lea Glob, un double portrait

Voici l’histoire d’un film pas comme les autres... Apolonia Apolonia devait être un exercice d’école de cinéma, il sera finalement le portrait d’une artiste qui s’étale sur une durée de treize années... Nous suivons la trajectoire d’Apolonia Sokol, une artiste en devenir, tout en assistant à l’émergence de Lea Glob, une cinéaste danoise qui nous révèle son talent.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture
© Danish Documentary Production

Remontons le temps et revenons près de quinze ans en arrière, lorsque Lea Glob, alors étudiante, commence à filmer la jeune peintre Apolonia Sokol pour un exercice d’école du cinéma. Finalement, ce portrait va durer treize années. En réalisant cette épopée intime, Lea Glob nous offre une description de l’artiste et une évolution de son travail. C’est l’histoire d’une ascension dans le milieu de l’art contemporain qui passe par les joies, les peines, les doutes, les désespoirs, les aspirations, les victoires…

Apolonia Sokol est une artiste d’origines danoise et polonaise née à Paris. Elle grandit dans le quartier populaire de Château Rouge au sein du théâtre parisien Le Lavoir Moderne. Ses parents accueillent un grand nombre d’intellectuels, écrivains, poètes et réfugiés. C’est ici qu’elle invitera plusieurs figures du féminisme, dont Oksana Shachko, la fondatrice du mouvement femen avec qui elle se liera d’amitié, avant sa tragique disparition en 2018. Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, Apolonia Sokol part vivre aux États-Unis et s’installe à New York où elle travaille dans les ateliers du peintre Dan Colen. Elle s’installera plus tard à Los Angeles. En pratiquant la figuration et le portrait, Apolonia Sokol défend l’idée que l’art est une expérience mystique étroitement liée à elle-même. Elle développe un propos engagé construisant ses corps en même temps qu’elle déconstruit la marginalisation, les tabous, l’aliénation… De retour à Paris, elle enchaîne les expositions, en 2016 à Copenhague à la galerie Andersen’s Contemporary, à Istanbul à la galerie The Pill en 2018, Tainted Love / Club Edit à la Villa Arson en 2019, Mademoiselle au Crac Occitanie en 2018… Les Montpelliérains la connaissent bien, elle qui a exposé à deux occasions au Mo.Co. Panacée : Possésé.e.s en 2020 et Immortelle en 2023.

À travers ce tableau d’Apolonia Sokol, le film aborde de nombreux questionnements métaphysiques : le temps, l’existence, la mort. Mais Apolonia Apolonia n’est pas que le portrait unique d’une femme moderne… En réalisant ce film, Lea Glob nous donne à voir beaucoup d’elle-même. Un portrait qui se révèle aussi être un autoportrait.

Apolonia Apolonia a déjà remporté de nombreux prix, dont le meilleur documentaire nordique à Nordisk Panorama et le meilleur film au Festival international du film documentaire d’Amsterdam.


Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

Également dans : Snobinart N°17
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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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