Chaque exposition est un voyage. Le mien m’a guidé dans les rues du Marais, plus précisément à la Galerie Valérie Delaunay. Je savais que cette escapade artistique m’amènerait de nouveau dans un monde que je connais bien et qui pourtant me réserve toujours des surprises. Ce monde, c’est celui de Florence Obrecht. Chez cette dernière, le voyage est justement l’un des moteurs de son inspiration.
Outre cet attrait pour l’exotisme, l’artiste puise ses références chez les grands maîtres de la discipline tout en laissant son imaginaire entre les mains de la vie. Dans le texte d’Amélie Adamo écrit à l’occasion de l´exposition Odyssée au Suquet des Artistes à Cannes, la critique d’art et curatrice nous parle de l’atelier de Florence Obrecht : « une maison peuplée de vivants et de fantômes, d’hommes, de femmes, d’enfants, et de toutes les mémoires et de tous les rêves qu’ils portent dans leurs têtes. Sur les murs noirs ils ont tapissé leurs vies colorées, toutes en chair et en rire. Amassés dans les pièces, mille secrets et objets, des crayons et pinceaux, des jouets et des livres (…) Il est lieu de présences, de mémoires vivantes, de mouvements permanents qui exorcisent l’inertie, la mort et l’oubli. » Florence Obrecht est l’une des plus brillantes portraitistes contemporaines et ses modèles se trouvent parmi ses rencontres et son entourage. Bien que Florence Obrecht peigne principalement des femmes (ses modèles féminins lui permettant de se projeter), on reconnaît souvent son mari Axel Pahlavi, également peintre, représenté sur ses toiles.
L’exposition Peinture étoile à la Galerie Valérie Delaunay est dans la continuité de l’œuvre que l’artiste développe depuis plusieurs années. En abordant le voyage tout à l’heure, on peut imaginer que cette exposition nous fait visiter la galaxie Obrecht. Ce sont des toiles qui scintillent, une peinture foisonnante, des couleurs puissantes sans jamais tomber dans le pop ou dans l’effusion. Il se dégage une douce sobriété, une sérénité finalement, qui s’oppose à l’époque du « toujours plus ». On prend le temps de découvrir cette peinture du sourire et de la couleur. Pas de place pour la morosité du monde qui nous entoure, juste l’humanité dans ce qu’elle a de plus gratuite comme le regard timide d’une femme ou l’activation spontanée des zygomatiques d’un enfant… Ces visages sont sereins, calmes et délicats. Si ces personnages sont directement présents dans l’existence de l’artiste au début du processus créatif, les tableaux nous donnent une impression tout autre. Il subsiste un mystère dans les décors et les vêtements, relevant de l’onirique, ou, non pas de l’inquiétante étrangeté, mais plutôt d’une rassurante singularité. Ces éléments additionnés à la quiétude des portraits et à la technique de l’artiste transportent ces personnages dans un monde parallèle à la frontière du fantastique, sur un territoire entre se situant entre le réel et l’imaginaire.
Cette joie se retrouve aussi dans les natures mortes de l’artiste. On la découvre dans la lumière jaune qu’apporte un citron pelé en forme de tourbillon de fête, ou dans un arc-en-ciel dessiné sur une paire de patins à roulettes… Quand il se présente, il faut saisir l’émerveillement.
Notez également que Florence Obrecht présente également une monographie intitulée Odyssée au Suquet des Artistes à Cannes jusqu’au 16 février 2025.
