Aux Hivernales, la danse comme des fragments poétiques

Après une première semaine consacrée au jeune public – Les HiverÔmomes –, la 46e édition des Hivernales se poursuit dans la Cité des papes. Jusqu’au 2 mars, le festival porté par le CDCN d’Avignon continue de faire rayonner la danse dans la ville, au gré d’une programmation qui combine ateliers, projections et représentations.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture Les Hivernales
3 mn de lecture

Comme chaque année, artistes confirmés et créateurs émergents se partagent la programmation des Hivernales, avec une exigence toujours renouvelée et un public bien présent, qui afflue aux portes des différentes salles investies par le festival. Pendant près de deux semaines, les rendez-vous s’enchaînent pour proposer un tableau dont les visages multiples dessinent un certain portrait de la danse, entre mémoire et découverte.

Des pas sur la neige de Véronique Albert

C’est au carrefour de ces deux axes que Véronique Albert présentait pour la première fois au public Des pas sur la neige, une création sur mesure écrite autour d’archives du festival, de la danse et du spectacle vivant. Marquée par la découverte d’un costume d’Antigone, conservée dans la Maison Jean Vilar qui accueille aussi sa représentation, l’interprète tisse des liens entre souvenirs et héritages.

Convoquant les noms de chorégraphes qui l’ont inspirée ou dont elle a croisé la route, illustrant ses propos d’extraits et de textes entre didactique et contemplation, Véronique Albert esquisse une recherche du geste entre la tentative et la performance. Elle se confronte, dans une forme de méditation personnelle, à une écriture fragmentée qui se lit davantage comme un regard porté sur sa pratique et sur les possibles qui s’ouvrent à elle, point de convergence de ces morceaux choisis ici réunis.

Canti de Simon Bailly

Chez Simon Bailly aussi, l’expression prend la forme d’un recueil d’épisodes, que l’on pourrait presque apprécier indépendamment les uns des autres. Presque, car dans Canti le chorégraphe développe en réalité une identité multiple qui trouve justement son équilibre dans son ensemble. Au plateau avec trois autres interprètes, il conçoit une pièce qui se balade entre différentes disciplines scéniques – danse, chant et musique –, venues à la rencontre du travail de la plasticienne Nadja Bailly projeté en toile de fond.

Apportant chacun sa pratique, les artistes impliqués dans Canti se complètent et construisent d’un même élan une pièce pourtant plurielle. Des polyphonies folklo-religieuses – enveloppantes sous les voûtes de la Chapelle des Pénitents Blancs – instaurent une ambiance qui fluctue du mystique au comique, que viennent parfois remplacer des notes inspiration électro qui habillent une approche plus contemporaine, plus sensible, moins catégorique de la danse et du corps. Et c’est là tout ce qui caractérise Canti : Simon Bailly se donne le droit, celui de croiser les arts et les registres sans s’y perdre comme celui de ne pas se prendre au sérieux, mais de le faire avec rigueur… et réussite !

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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