Le plateau est nu hormis un lourd rideau noir qui délimite la scène au lointain. Ici et là on aperçoit quelques micros. Voilà les quelques indices que dissémine Fanny de Chaillé avant le début de la représentation. Avant l’entrée des quatre interprètes qui débarquent en file indienne, mus par une évidente détermination.
Ainsi peut commencer Une autre histoire du théâtre, celle racontée par ces quatre acolytes, comédiens et comédiennes aux parcours variés qui les ont tous amenés au même endroit. Ces chemins distincts sont déjà une richesse, dans ce projet fou de résumer des millénaires de traditions théâtrales. La tâche est énorme et tout ne pourra pas être abordé en une heure.
« Jouer c’est faire semblant devant des gens qui savent que tu fais semblant. »
Pourtant ils convoquent à leurs côtés des auteurs, textes et personnages qui ont fait ou font une certaine histoire du théâtre. On y reconnaît Dom Juan autant qu’Hedda Gabler dans des saynètes venues illustrer leur propos qui rappellent qu’il y a autant d’approches des arts de la scène qu’il y a d’artistes.
On se retrouve face à des figures emblématiques comme Jeanne Moreau ou Sarah Bernhardt, brillamment mises en voix par Margot Viala. On tente des choses, aussi, comme passer les mots de Phèdre à la moulinette de l’autotune… Et tout s’enchaîne avec une énergie débordante et un tempo qui ne souffre d’aucun relâchement.
Il faut dire qu’une heure nous paraît même trop courte pour cette forme théâtrale qui arpente autant de possibilités. Sous ses airs de ne pas se prendre au sérieux, Une autre histoire du théâtre révèle un travail d’acteur rafraîchissant. Car sans autre artifice que la lumière et le son, c’est la performance des interprètes qui est mise en avant dans leurs domaines d’expertise respectifs. Danse, voix ou jeu scénique, cette pièce devient une démonstration d’amour aux artistes.
« En fait on n’a besoin de rien pour faire du théâtre. »
Et si nous sourions en entendant certaines références ou évidences de la grande histoire du théâtre, celles-ci ne sont pas légion pour autant, évitant le piège d’un grand récit didactique. Cette pièce s’adresse finalement autant aux connaisseurs qu’aux néophytes de toutes générations, par son dynamisme, son équilibre et son humour irrésistible. À voir !