« Ruine » au CCN : les interrogations d’Erwan Ha Kyoon Larcher

L'artiste Erwan Ha Kyoon Larcher a présenté hier sa dernière création Ruine au Centre Chorégraphique National Montpellier Occitanie. Une performance sonore et visuelle qui a fait l'unanimité.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
4 mn de lecture

Entrez et prenez place dans le Studio Bagouet du CCN au sein de l’Agora à Montpellier. Mais avant cela, n’oubliez pas vos protections auditives, elles pourraient vous être utiles. C’est dès cet instant, avant même le contrôle de vos billets, que démarre l’expérience inédite préparée par Erwan Ha Kyoon Larcher. Dans sa création Ruine, qui tourne depuis 2019, l’artiste polyvalent (et c’est rien de le dire) s’interroge, interroge et expérimente la construction par la déconstruction, le corps par l’esprit, le succès par l’échec.

Prenant pour socle l’idée d’un livre dont vous êtes le héros, Erwan Larcher se risque ainsi à affronter ses doutes, ses questionnements et ses obstacles, dans un monologue à plusieurs rythmé par les choix… pas toujours les bons ! Imaginer, essayer, échouer parfois et réussir aussi. Il n’y a pas d’histoire, paraît-il, dans Ruine. Est-ce pour se protéger de la surinterprétation ou bien une véritable affirmation ? Toujours est-il que, face à son public qu’il se plaît à regarder droit dans les yeux, le personnage évolue vers lui-même, au cours d’une succession d’expériences toutes plus folles, étranges, étonnantes les unes que les autres.

Il y a quelque chose d’indéniablement clownesque dans ce spectacle, dans le sens le plus noble que l’on puisse donner à ce terme. Avec son corps et par ses mots, l’artiste joue avec son public, non sans un humour ciselé, parsemé juste comme il faut, qu’il égrène au fil du temps, comme pour dédramatiser quelque chose. Ouvrez un dictionnaire des expressions françaises et voyez-les à l’œuvre ici… Briser sa carapace, scier la branche sur laquelle on est assis, renaître de ses cendres, marcher sur des œufsLe langage courant et imagé du quotidien devient dans Ruine une arme de construction massive.

Et à terme, rien de négatif ne subsiste. Ni les obstacles franchis ni ceux qui sont toujours présents. Il n’y a plus qu’Erwan, artiste pluridisciplinaire, archer, danseur, musicien, circassien. Erwan maître de son propre livre dont vous êtes le héros, après une prestation qui fait la part belle aux chemins empruntés plutôt qu’à la destination.

Le CCN Montpellier Occitanie poursuit son accueil d’Erwan Ha Kyoon Larcher avec un autre rendez-vous le 29 novembre 2021. L’artiste ne présentera pas Ruine mais prépare une rencontre autour du corps, de fragments, de l’introspection et du rapport aux autres. Le Centre Chorégraphique accueille également jusqu’au 21 janvier l’exposition Collision de Sophie Laly, à découvrir du mercredi au vendredi, et une heure avant tous les rendez-vous publics.

ECRITURE, MISE EN PLACE, ACTIONS, VOIX
ERWAN HA KYOON LARCHER
MUSIQUE ET SON
TOUT EST BEAU, ERWAN HA KYOON LARCHER
REGIE GENERALE ET SON
ENZO BODO
CREATION LUMIERES
VERA MARTINS
REGIE LUMIERES EN ALTERNANCE
VERA MARTINS, JEROME BAUDOUIN
COSTUME PYROTECHNIE
ANN WILLIAMS
ARTIFICIERE
MARIANNE LE DUC
ESPACE SCENOGRAPHIQUE
JI MIN PARK, ERWAN HA KYOON LARCHER
CONSTRUCTION TORTUE
BIGTIME STUDIO, MARION FLAMENT, JIMME CLOO

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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