Les images restent imprimées dans les esprits des Chiliens et du monde entier, plus de trente ans après la fin de la dictature et presque quatre ans après les événements à l’origine de l’écriture de ce spectacle. En réponse à une révolte populaire particulièrement fédératrice, le gouvernement décrète l’état d’urgence et choisit la violence, encore. Les victimes se comptent par milliers sous les excès de certains garants de l’ordre, des actes pour la plupart impunis qui révèlent une profonde faille humanitaire.
Au plateau, ce qui restait d’humain semble d’ailleurs s’être volatilisé. Les corps, qui évoluent dans un semblant de salle de musée, sont désarticulés, leurs mouvements saccadés, comme se mouvant tant bien que mal après avoir été torturés, compressés, anéantis. Rassemblés par leur commune souffrance, ils tentent malgré tout de faire groupe, mais quelque chose en eux les rappelle systématiquement à la violence, envers les autres ou contre eux-mêmes.
Par les tableaux qui se succèdent, Marco Layera crée des images qui interpellent et qui dérangent, de longues photographies contre nature comme pour remplacer celles qui faisaient la une des journaux en 2019. Plutôt que l’acte originel, il s’attarde ainsi sur les conséquences de cet épisode oppressif en mettant le doigt sur les comportements qu’il engendre, sur la destruction des rapports humains et sur la haine qu’elle peut réveiller en chacun de nous.
En guise d’arène pour cette démonstration d’impunité, le metteur en scène choisit le cadre, somme toute minimaliste, de ce qui reste d’un musée dans lequel la seule œuvre visible est, elle aussi, le spectre d’elle-même. De cette manière, il occupe un espace qui se situe précisément à la frontière de l’interdiction et de sa transgression, l’art devenant prétexte à outrepasser les règles tout en prenant le rôle de témoin pour les générations futures.
Le propos de ce spectacle, qui nous est mis en perspective à la toute fin de la représentation, apporte une lecture plus profonde a posteriori. Car l’esthétique développée pendant plus d’une heure peine à trouver son équilibre entre répétitions, longueurs et clowneries. La construction s’explique certes par une approche sensible des séquelles laissées par la répression et par le besoin de s’en distancer, mais au risque de s’éloigner d’une écriture dramatique pourtant esquissée en introduction et en conclusion, notamment.
Oasis de la Impunidad laisse néanmoins des images fortes dans l’esprit, de celles qui font réagir les spectateurs par l’engagement physique des interprètes. Cette pièce joue ainsi sa partition destinée à hurler la souffrance d’un peuple qui, quelle que soit notre réception, ne peut être tue.
Ennuyeux, Pénible, son beaucoup trop fort, plein de mauvais clichés… en un seul mot « Nul3