La compagnie fait incontestablement référence dans le domaine de l’art en espace public. Fondée il y a 20 ans à deux pas de Lyon, elle a depuis étendu son cercle d’influence à travers le territoire français, et jusqu’à l’international. Avec des écritures sensibles et pertinentes, elle présente régulièrement de nouveaux projets, qu’ils soient conçus pour un lieu en particulier ou qu’ils puissent, à l’instar de Continent, s’adapter aux espaces qui leur sont proposés.
Pour cette date exceptionnelle, c’est donc à ce spectacle-performance immersif que sont conviés les spectateurs. À l’occasion d’une représentation gratuite accueillie dans la ville de Juvignac, les visiteurs d’un soir pourront découvrir le travail artistique, textuel et technique qui compose cette création récente (2021). Rendez-vous est donné à 20h sur le parking Lionel de Brunelis (réservation conseillée sur le site de L’Atelline).
Pour comprendre davantage la démarche défendue par l’équipe de Continent, nous avons recueilli les propos de son auteur Stéphane Bonnard. Également interprète de ce spectacle, il nous éclaire sur ce que cette création nous dit de notre monde et de ce qui l’attend…
Que raconte Continent ?
Continent est une forme urbaine, performative, musicale, à partir d’un texte que j’ai écrit en 2019. Cela parle de notre sidération contemporaine face aux troubles de l’époque. Et propose une hypothèse pour s’en extraire.
Quelle est l’histoire de ce texte ?
Le texte s’appuie sur une expérience que j’ai eue : la pratique au quotidien pendant 18 mois d’un lieu qui a hébergé jusqu’à 350 personnes à Lyon en toute illégalité. Un espace de l’altérité, remarquable par l’intelligence collective qui l’a animé. Un squat, oui. Mais dire cela, c’est déjà enfermer l’imaginaire et les potentialités inventives de ces endroits.
Le texte est publié aux éditions Espaces 34, un parcours assez rare pour les textes de l’espace public. Pourquoi ce choix ?
Simplement revendiquer la possibilité au verbe d’exister dans la sphère publique, même si c’est délicat. On n’écrit pas pour l’espace public comme pour le théâtre. Mais pouvoir exister dans une belle maison comme Espaces 34, qui publie des grands noms du théâtre contemporain, est une grande fierté. Une manière d’affirmer que l’art en espace public n’est pas un art mineur.
KompleX KapharnaüM a 20 ans. Qu’est-ce qui a changé dans l’espace public en 20 ans ?
Il y a eu les attentats. Il y a eu le Covid. La liberté dans l’espace public se restreint. Les conditions de mise en œuvre de nos objets sont soumises à des contraintes de sécurité toujours plus fortes jusqu’à dévoyer le propos initial. Cela confine parfois à l’absurde. Et c’est une bataille permanente qui aujourd’hui fait partie intégrante de notre travail d’artistes.
C’est quoi un continent, en 2022 ?
C’est un territoire qui apparaît au lointain. Une promesse, un possible, un paysage qui s’ouvre dans un monde en ruine. C’est le projet du texte et du spectacle.