Ce que nous retiendrons de Tom Smith et de Jerry Wesson

La patte d'Alessandro Barrico avait déjà investi la scène du Théâtre Molière de Sète avec Novecento, qui mettait notamment en scène André Dussolier. Pour cette nouvelle pièce intitulée Smith & Wesson, créée en 2021, le metteur en scène revient dans un univers presque western qui ne touche malheureusement pas dans le mille sur tous les points...

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
5 mn de lecture

Smith et Wesson se rencontrent presque par hasard dans la région des chutes du Niagara aux États-Unis. Et que les choses soient dites, ces deux hommes n’ont rien à voir avec la marque très répandue de revolvers. La coïncidence est même très anecdotique dans le récit proposé sur scène par Alessandro Baricco. L’un a simplement hérité du travail de pêcheur de son père disparu, tandis que l’autre vient effectuer des recherches météorologiques. Le point commun de ces deux personnages ? Leur résignation, pas tout à fait consciente, face une vie somme toute normale et sans relief. C’est en tout cas ce qui ressort de leurs premiers dialogues en duo avant l’arrivée du personnage de Rachel Green, jeune femme pleine d’énergie qui va les emporter dans une toute nouvelle dynamique.

Journaliste en quête vaine d’un scoop pour s’imposer au sein de son journal, Rachel Green propose aux deux protagonistes de créer l’événement. Alors que le Niagara est devenu un véritable cimetière à ciel ouvert à force d’attirer les âmes désespérées, la jeune reporter veut montrer au monde que l’on peut survivre à cette chute de 50 mètres. S’en suit toute une réflexion autour de l’ingénierie et des recherches scientifiques (pas tout à fait protocolaires) au début du XXe siècle, accompagnée d’un questionnement en surface de la vision des femmes à cette époque et d’une mise en miroir de la fougue de la jeunesse face à la résilience de l’expérience.

« Nous allons faire en sorte qu’il se produise ici quelque chose qui ne s’est encore jamais produit. »

Comme l’apparition du personnage de Rachel dans le quotidien de Smith et Wesson, l’arrivée de son interprète Lou Chauvain est une bouffée d’oxygène dans cette pièce qui semble avoir du mal à trouver son rythme. Mais la jeune femme, originaire de Sète (ce qui n’est pas pour nous déplaire), apporte une véritable fraîcheur et une énergie qui attirent le regard et captent l’attention d’un public dans l’attente.

Le texte de Baricco est bon, à n’en pas douter. Sa rythmique est maîtrisée, l’humour y est intelligent et la fable nous emporte dans un espace temps que l’on voit finalement peu au théâtre. Complétée par une scénographie souvent pertinente et des décors et costumes imaginés et réalisés avec soin, la pièce prend peu à peu la forme d’une histoire à la fois légère et grave, comme un conte pour adultes inspiré de faits réels.

De nombreux éléments sont réussis dans cette création, sans oublier un travail épatant sur le son, qui nous fait vivre une chute immersive dans une obscurité totale, en connexion avec l’espace sensoriel de la jeune femme au moment de son ultime expérience. À cet instant, le suspense et les sensations sont à leur comble.

La plupart des éléments fonctionnent en effet, mais leur assemblage et la forme finale qu’ils composent nous laissent un peu sur notre faim. Le duo Smith et Wesson peine à convaincre, et certaines scènes de transition qui viennent habiller le récit suscitent parfois peu d’intérêt. Reste que la pièce, si elle est vue comme une parenthèse avec un début et une fin, laisse peu de doute quant au travail mené et à la qualité évidente des talents qui l’ont créée.

TEXTE, ADAPTATION ET MISE EN SCENE
ALESSANDRO BARICCO
AVEC
CHRISTOPHE LAMBERT, LAURENT CARON, LOLITA CHAMMAH, LOU CHAUVAIN, ANDREA ET GERALDINE TSHIBUABUAT
TRADUCTION FRANCAISE, ADAPTATION
LISE CAILLAT
ASSISTANT A LA MISE EN SCENE
DARREN ROSS
SCENOGRAPHIE
MAGGY JACOT
COSTUMES
GIOVANNA BUZZI
CREATION SONORE
NICOLA TESCARI
CREATION LUMIERE
TOMMASO AROSIO
REGIE GENERALE
MARC DEFRISE
REGIE PLATEAU
ANTOINE MOORS, ARISTIDE SCHMIT
REGIE SON / VIDEO
BENJAMIN DEVILLERS
REGIE LUMIERE
GUILLAUME RIZZO
HABILLEUSE
FRANCOISE HOTTOIS
REALISATION DECORS ET COSTUMES
LES ATELIERS DU THEATRE DE LIEGE

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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