Dans cette folie chorégraphiée, Léa Tirabasso nous renvoie à nos instincts les plus primaires, à ce qu’il reste en nous d’un animal social. Sur un grand praticable blanc, un désert de sable ou de terre a pris place et accueille cinq chiens fous. Cinq dingos qui, comme les êtres humains, doivent apprendre à vivre ensemble, à naître et à mourir, à se soutenir et à s’affronter. Un retour à nos natures profondes, sauvages, qui tentent de s’apprivoiser en dépit de nos chemins qui ne sont pas toujours parallèles.
La terre sur le plateau, comme celle qui est sous nos pieds, devient témoin de leurs vies en gardant les traces de leurs existences communes et individuelles. Et si chaque chose arrive toujours à son terme, le reste du monde, lui, continue son cycle, qui pourrait presque reprendre sur cette scène dès la fin de la représentation. Une vision aussi pertinente que chaotique de notre condition humaine, qui va chercher dans des mouvements erratiques le reflet d’une nature complexe qui est la nôtre.
Dingos en meute ou loups solitaires, une énergie débordante, qui prête parfois à sourire, émerge des danseurs et maintient une certaine tension tout au long de la pièce. On regrette qu’il n’y ait pas davantage de tableaux d’ensemble où les cinq interprètes seraient en harmonie… Mais la nature elle-même est à l’image de la chorégraphie : en apparence désorganisée et dans le fond pertinemment mise en œuvre.
Sur des musiques qui arpentent alternativement l’électronique, l’expérimental et le classique, Starving Dingoes (littéralement « Dingos affamés ») s’inscrit dans la recherche chorégraphique contemporaine, terreau fertile de la création autour de l’individuel face au groupe. C’est rendu ici de façon percutante et dynamique. À découvrir, donc.
CHORÉGRAPHIE
LÉA TIRABASSO
AVEC
CATARINA BARBOSA, WILLIAM CARDOSO, KARL FAGERLUND BREKKE, LAURA LORENZI, STEFANIA PINATO