Avec « 7×7 », le compte est bon pour Emilio Calcagno

Pour cette fin de saison à l’Opéra Grand Avignon, le directeur du ballet Emilio Calcagno a imaginé un concept inédit intitulé 7x7 - Salon chorégraphique. Au cours d’une soirée placée sous le signe de la danse et de la fête, 7 chorégraphes ont conçu 7 duos de 7 minutes avec 7 interprètes... Combinaison gagnante pour l’institution avignonnaise !

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture Opéra Grand Avignon
4 mn de lecture
© Mickaël & Cédric / Studio Delestrade

Autant le dire franchement, il était difficile de savoir à quoi s’attendre en prenant place pour assister à ce premier rendez-vous du concept 7×7 imaginé par Emilio Calcagno. Sur le papier, l’envie de rassembler sept chorégraphes reconnus et de demander à chacun de concevoir un court duo avec un interprète du Ballet de l’Opéra Grand Avignon, cela sonnait comme une bonne idée… Encore fallait-il réussir à la mettre en œuvre !

Et l’ovation reçue par les artistes en fin de représentation ne trompe personne. Esquivant avec brio le piège d’un format qui aurait pu se résumer à une simple succession de numéros dansés, ce salon chorégraphique prend les airs d’un cabaret clandestin au sein duquel Calcagno orchestre les rencontres avec une écriture globale aussi lisible qu’éclatée. On a presque l’impression de participer à une soirée entre amis, où tout finit par nous lier en dépit – ou au travers – des inclinations de chacun.

La scénographie de ce salon va de toute évidence à l’essentiel, juste de quoi permettre à chacun d’assister aux prestations des uns et des autres dans une ambiance très chill et sans prétention, effaçant jusqu’à la frontière entre la scène et la salle par le rapport des artistes au public.

Le travail des lumières d’Idalio Guerrero, quant à lui, apporte une dimension éminemment artistique à la création, peignant tour à tour des espaces d’ensemble et des bulles d’intimité, dans une continuité plus que pertinente qui sert complètement le sens d’une dynamique commune… jusqu’à un final très grand spectacle qui inviterait presque les spectateurs à monter sur scène.


Mais si l’esprit de cette création semble aussi bon enfant, n’y voyez aucun pour autant aucun amateurisme. Chacun des passages de 7 minutes est un concentré de travail, de recherche et d’esthétique. On ressent d’ailleurs un grand plaisir – parfois coupable –, chez les artistes comme dans le public, à partager cet instant et à y prendre part, le temps d’un souffle.

Impossible de détacher chaque duo de la forme globale qui les rassemble : l’approche poétique et très contemporaine de Johanna Faye et Anastasia Korabov ; l’excitation charnelle d’Edouard Hue et Léo Khébizi ; l’irrésistible autodérision d’Andrea Costanzo Martini et Béryl de Saint-Sauveur ; l’énergie mémorielle et cathartique d’Olivier Dubois et Sylvain Bouvier ; l’élégante puissance de Sylvère Lamotte et Lucie-Mei Chuzel ; la sensuelle séduction de Rosalba Torres Guerrero et Kyril Matantsau ; le cycle passionné de Leila Ka et Ari Soto… Tout se relie et et s’émancipe avec une joie qui se répand jusque dans la salle.

On prend par ailleurs un grand plaisir à voir ces chorégraphes sur scène aux côtés de leurs interprètes, un lien palpable qui contribue à faire de ce spectacle une célébration de la danse et de la transmission.

C’est une grande fête des corps et de ses mouvements qui se joue dans 7×7 – Salon chorégraphique, une expérience réussie qui dresse un portrait pluriel et unique des arts chorégraphiques… Bravo !

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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