Pascale Marthine Tayou, l’exploration des contradictions

La Collection Lambert présente « les Petits Riens » de Pascale Marthine Tayou depuis juillet dernier et jusqu'au 19 novembre. Cette œuvre vivante et colorée aborde les gravités contemporaines et les contradictions humaines.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture
Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

Pascale Marthine Tayou et la Collection Lambert, c’est une histoire qui dure depuis dix ans (avec notamment la participation de l’artiste à l’exposition La disparition des lucioles en 2014 à l’ancienne prison Saint-Anne avec ses poupées et génies de cristal), avec une consécration aujourd’hui pour cette relation particulière grâce à cette exposition Les Petits Riens consacrée à l’œuvre de l’artiste. Pour l’occasion, c’est l’entièreté des deux étages de l’Hôtel de Montfaucon. Ce ne sont pas moins de vingt-trois pièces (dont dix installations monumentales inédites) qui se déploient dans cet espace.

Artiste vivant entre Gans et Yaoundé, Pascale Marthine Tayou a acquis une reconnaissance internationale à l’aube du nouveau millénaire. On se souvient notamment de ses présences à la Documenta 11 de Cassel en 2002 et aux Biennales de Venise de 2005 et 2009.

Pour cette exposition, l’artiste camerounais s’est plongé dans notre monde contemporain, regardant avec désarrois les folies humaines et ses désastres. Son travail plastique se rapproche alors de celui du médecin, présentant aux visiteurs des tentatives de guérison d’un monde malade : « Les Petits Riens sont ces choses infimes qui, l’air de rien, révèlent des montagnes autour de nous. Ce sont ces actes minuscules qui au départ, invisibles à l’œil nu, enfoncent des poutres dans nos yeux. Les Petits Riens, c’est une suite d’expériences que je voudrais mettre au service de l’esthétique, des observations de scènes banales de mon vécu quotidien mises au service d’une nouvelle expédition, un ensemble d’intentions plastiques témoin de mes doutes, socle de mes frustrations accumulées. Les Petits riens, c’est mon appel d’urgence face aux terreurs multiples qui me tordent les boyaux. Mais je ferai en sorte que cette aventure se transforme en une performance ludique avec joie et humour. »

Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

De cette base chaotique, Pascale Marthine Tayou parvient toujours à ressortir l’espoir en attisant notre curiosité. Si ses œuvres affirment une forme d’engagement politique (comme la mappemonde sans frontières accrochée au mur), cela ne l’empêche pas d’y ajouter l’optimisme. Sans vouloir nous faire choisir un camp, le plasticien nous propose une visite qui hésite entre le rêve et le désastre. Les univers de l’enfance et de la couleur se côtoient, affirmant ainsi une capacité de l’homme à renaître de ses cendres et à poursuivre une recherche insatiable de la beauté. Tout cela est parfaitement illustré avec deux installations dans lesquelles nous pouvons voir fleurir des sacs et bouteilles en plastique au bout de longues branches. Si la démarche nous invite à ouvrir le regard, les œuvres sont d’une grande lisibilité, laissant ainsi la forme activer son propos tout en offrant ainsi une base aux visiteurs souhaitant trouver des pistes d’interprétations plus personnelles.


Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.
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