En arrivant au Jardin des Plantes de Montpellier, la première question qui nous vient à l’esprit est : cette exposition nous ment-elle ? En effet, la moyenne des températures à Montpellier en octobre est de 18°, alors que le thermomètre indique 28° ! Ce n’est pas + ou – 1,5° qu’aurait dû s’appeler cette exposition, mais bien + ou – 10°… « Plaisanterie » mise à part, les hautes températures de cette rentrée ne font qu’illustrer l’urgence de la situation, donnant ainsi raison à cette exposition au titre sans équivoque.
+ ou – 1,5° présente des réalisations proposées par les protagonistes du groupe de recherche « Le Champ du vivant » créé il y a deux ans. Ce groupe a été mis en place à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. Il est composé de professeurs, d’étudiants toutes années confondues et d’anciens étudiants devenus artistes aujourd’hui. L’idée était de travailler autour des problématiques écologiques, du bouleversement climatique, d’effondrement… Depuis sa création, les membres du « Champ du vivant » ont eu l’opportunité de travailler avec différents intervenants venant du monde des arts ou des sciences tels qu’Aurélien Barrau, Suzanne Husky ou Francis Hallé. Cette exposition composée de vingt-sept œuvres (pour vingt-huit artistes) vient donc restituer toutes ces recherches autour de la biodiversité et du vivant, tout en poursuivant la réflexion autour de questions qui animent le groupe : « Comment vivre dans le trouble ? Comment s’ajuster aux variations, aux changements ? Comment s’ajuster aux puissants flux de métamorphoses ? »
C’est toujours avec une certaine méfiance que nous allons découvrir une exposition qui place le sujet écologique en son point cardinal (rappelons qu’il s’agit ici d’aborder la « biodiversité » et le « vivant » pour être précis). La capacité de ce thème à mettre tout le monde d’accord et son omniprésence légitime dans le débat public (sans véritable résultat il faut bien l’avouer) suggère souvent un manque d’originalité, notamment dans le propos… mais ce n’est pas le cas de + ou – 1,5° qui offre au visiteur un panorama de la création d’une grande richesse formelle, ouvrant ainsi un « champ vivant » à l’interprétation. Malgré les contraintes évidentes d’accrochage qu’impose ce lieu tout en longueur et l’impossibilité de faire des trous les murs, la scénographie fonctionne et les pièces ont chacune trouvé judicieusement leur place (seul bémol, la première pièce de Caroline Boucher n’est pas mise en valeur et interroge plus qu’elle ne fonctionne à l’entrée de l’exposition).
Il est toujours intéressant de découvrir les créations des étudiants et jeunes artistes, mais lorsqu’on découvre une exposition qui réunit leurs pièces à celles de leurs enseignants autour de sujets communs, cela rend l’événement particulièrement pertinent. On ne peut que se féliciter de l’intérêt profond que provoquent les productions de la jeunesse montpelliéraine couplées à celles des professeurs. La richesse des médiums (peintures, céramiques, vidéos, photographie, installations en divers matériaux…), des formes et la justesse de l’exécution affirment une promesse. Citons quelques pièces marquantes de l’exposition : La plainte de l’escargot sur la folle avoine de Caroline Muhaim, Trois maquettes sur trépieds de Nicolas Foix, Immortelle d’Italie de Pierre Joseph, Poros de Thomas Jung, Super Paysage de Marie Féménias, Tik Tok star de Marie-Charlotte Delhomme ou encore SOL de Pauline Pagès Lloberas…
L’exposition est à découvrir jusqu’au 11 octobre à l’Orangerie du Jardin des Plantes de Montpellier (du mardi au dimanche de 14h à 18h).
Bravo à Nicolas Foix pour le travail exemplaire.