La galerie Mennour touche dans le mille

Dans son espace du 47 Rue Saint-André des Arts, la galerie Mennour s'est lancée dans une exposition originale mettant en avant la cible. Loin d'envisager les sujets faussement complexes sclérosant l'art aujourd'hui, cette exposition mise sur la simplicité, la singularité... et touche en plein dans le mille.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
4 mn de lecture
Oeuvres de Kenneth Noland et Martial Raysse - Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

Si vous avez l’opportunité de passer dans la capitale avant le 22 juillet, nous ne pouvons que vous conseiller de découvrir Cibles / Targets à la galerie Mennour.

D’un point de vue purement formel, la cible mise la simplicité et l’efficacité. Philippe Dagen, commissaire de l’exposition, nous dit : « Rien de plus facile à définir qu’une cible : un cercle d’anneaux de couleurs pour des exercices de tir. Pourquoi consacrer une exposition à cette forme simple ? Pour montrer combien elle peut accueillir de significations diverses et parfois complexes. » En clair, les expositions les plus simples sont souvent les meilleures. Elles permettent à la fois de partir d’un sujet abordable à la fois pour les profanes que pour les visiteurs les plus avertis, d’amener à découvrir une partie de l’univers d’un artiste, tout en faisant des liens avec d’autres. De plus, la simplicité et la forme de la cible permettent à de nombreux artistes de se l’approprier, touchant à la fois les univers de l’abstraction et la figuration.

Philippe Dagen poursuit en nous racontant la genèse de l’exposition : « L’idée de l’exposition est née devant le Personnage de Maryan qui tient devant lui une cible. La toile est autobiographique puisque Maryan survécut par hasard à la balle que tira sur lui un soldat nazi saoul. »

Détail de l’oeuvre de Bertrand Lavier « Walt Disney Production. 1947 – 2014. n°17. small version » (2023) – Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

Il en résulte une exposition d’une grande richesse. Cibles / Targets nous montre que de nombreux artistes ayant marqué l’histoire de l’art se sont approprié cette forme : Roger Ballen, Alfred Courmes, Sonia Delaunay, Marc Desgrandchamps, Marcel Duchamp, Paul Eluard, Michel François, Gilgian Gelzer, Bertrand Lavier, Maryan, François Morellet, George Noël, Kenneth Noland, Gina Pane, Pablo Picasso, Man Ray, Martial Raysse, Ugo Rondinone, Niki de Saint Phalle Franck Scurti et Agnès Thurnauer. Tous ces artistes ont parfois des créations et convictions artistiques différentes (voire opposées) et les réunir autour d’un thème d’une grande simplicité est une manière de redécouvrir leur oeuvre et de la faire vivre à travers la différence et la pluralité. Les formes, les lignes, les matières, les couleurs… chaque pièce affirme la personnalité de son créateur tout en ouvrant de nouvelles perspectives aux autres. Nous pouvons prendre l’exemple de l’oeuvre « Walt Disney Production. 1947 – 2014. n°17. small version » (2023) de Bertrand Lavier. A l’origine, les « Walt Disney Production » de Lavier sont des agrandissements d’oeuvres abstraites griffonnés par le dessinateur de Mickey pour une aventure de la souris dans un musée d’art moderne. Dans Cibles / Targets, le côté « cartoonesque » disparaît, laissant une plus grande place à la forme et donc à la cible.


Une cible, c’est atteindre un objectif. Elle peut également être la métaphore de l’artiste devant la matière, cherchant à atteindre la perfection dans la réalisation de sa création. Chacun pourra y voir ce qu’il souhaite, mais une chose est certaine : Cibles / Targets touche dans le mille.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.
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