Huma Bhabha est née à Karachi au Pakistan en 1962. Elle fait ses études aux États-Unis, d’abord à la Rhode Island School of Design, puis à la Columbia University. Installée à Poughkeepsie dans l’État de New York, Huma Bhabha développe depuis la fin du dernier millénaire une œuvre dans laquelle le grotesque et l’horrifique se confondent. Bien que l’artiste ait exposé dans de nombreuses structures artistiques (dont le Metropolitan Museum de New York), il s’agit de sa première rétrospective dans une institution française.
À l’occasion d’Une mouche est apparue, et disparut, une cinquantaine d’œuvres d’Huma Bhabha réalisées lors des deux dernières décennies sont exposées (des dessins, gravures et sculptures). Pour la réalisation de ses pièces, l’artiste travaille par assemblage de matériaux et ajouts de matières (liège, polystyrène, bronzes, céramique…). Elle transforme, ajoute, découpe, recouvre, fragmente, assemble à la fois les matériaux et les formes. Ces dernières naissent également des nombreuses références de l’artiste : sa vie personnelle et son existence, mais aussi de ses rencontres artistiques. « La figure est omniprésente dans son travail, elle suggère toujours une altérité ambiguë, lointaine ou proche, ancienne ou à naître. Cette artiste exceptionnelle puise dans un répertoire infini de références, empruntant aussi bien au monde savant qu’à la culture populaire, allant de la statuaire antique aux films de science-fiction, insistant sur un universalisme des formes. » Un grand écart référentiel qui nous fait penser aux différentes périodes de l’histoire de l’art. On pense notamment aux créations préhistoriques, aux mythes antiques, aux sculpteurs modernes Brancusi, Giacometti, Modigliani… ou encore au cinéaste David Cronenberg. Il ressort de ce travail technique et théorique des œuvres à l’apparence primitive, évoquant une multitude de thèmes : les civilisations, les ruines, le passé, le futur… Ses totems dans la grande salle du Mo.Co. font penser à la célébration d’un culte. Chacune de ces créations se dresse devant nous et dégage une puissance mystique. Si les sculptures mêlant humains et animaux ont le don d’impressionner, il ne faut pas négliger le travail pictural d’Huma Bhabha qui semble prendre vie dans les cadres. Ces portraits nous évoquent les tourments et ne manqueront pas de déranger.
Que cela soit les sculptures ou les peintures, toutes les œuvres de l’artiste nous offrent des couleurs qui affirment leur contemporanéité. Huma Bhabha engage ici une démarche actuelle qui s’affranchit de toute restriction de l’époque : « Un ensemble inédit d’œuvres d’exception jamais encore exposées en France qui sauront étonner, émerveiller, mais aussi souligner la complexité d’un monde en mutation, que l’artiste invoque sans compromis mais qu’elle parvient toujours à transcender ».