L’année dernière, l’exposition Histoire de l’art XIXeme XXeme Morceaux choisis avait été l’un des événements culturels de l’année dans le Gard. La Ville d’Uzès offrait à ses habitants et touristes l’opportunité de découvrir une exposition majeure durant tout l’été. Pour la première, les organisateurs voulaient marquer les esprits avec un événement culturel hors normes qui présentait pas moins de trente-deux œuvres (peintures et sculptures) de maîtres. Les noms de ces peintres ont marqué l’histoire de l’art : Pablo Picasso, César, Pierre Auguste Renoir, Pierre Bonnard, André Derain, Raoul Dufy, Adolphe Monticelli, Auguste Chabaud, Jacques Majorelle, Albert Marquet, René Seyssaud, Jean-Baptiste Olive, Charles Camoin, Louis Valtat, Louis-Mathieu Verdilhan et Marcel Leprin.
Bis repetita cette année avec deux artistes nés dans le sud de la France : César Baldaccini et Auguste Chabaud. Ce dernier est né à Nîmes le 3 octobre 1882. Il est le cadet des deux fils d’une famille protestante. Durant son enfance, il passe ses vacances à Graveson, au mas de Martin, propriété viticole familiale. A quinze ans, il entre à l’école des Beaux-Arts d’Avignon, avant de s’installer à Paris en 1899. C’est dans la capitale qu’il rencontre Matisse, Derain, Puy, Laprade… En 1901, Chabaud regagne le sud pour aider sa famille, gagner sa vie (Il s’engage alors dans la marine marchande comme pilotier) et passer son service militaire en Tunisie avant de repartir à Paris en 1906. Comme beaucoup d’artistes de son époque, il fréquente les cabarets, les cafés, les spectacles, les quartiers Montmartre et Pigalle… Le catalogue de l’exposition à Uzès nous dit qu’il « dépeint la vie parisienne du début du siècle dernier dans ce qu’elle a de plus misérable et surtout de plus artificiel. » Chabaud utilise ces thèmes dans son œuvre tout en développant une pratique artistique se situant entre le Fauvisme et l’Expressionnisme. Plusieurs de ses tableaux sont exposés au Salon des Indépendants, il participe au Salon d’Automne, au salon des Tuileries, expose à l’étranger (aux Etats-Unis avec Matisse et Picasso)… Vers 1910, il s’éloigne du Fauvisme pour explorer avec singularité le Cubisme et la sculpture. Après la Première Guerre mondiale, il retrouve définitivement sa Provence en s’installant à Graveson, peignant les paysages des Alpilles, des scènes plus rurales et en se consacrant également à l’écriture. Trente-cinq ans après son départ de la capitale, il retourne à Paris à l’occasion d’une importante exposition rétrospective en 1952. Il décède trois ans plus tard.
L’exposition César & Chabaud deux artistes en liberté présentée à Uzès nous offre un panorama captivant de sa période fauve, et donc de l’oeuvre qu’il a réalisé de 1903 à 1911 (avec de nombreux tableaux réalisés en 1907-1908). Nous y découvrons la période parisienne de l’artiste avec de nombreux portraits de femmes mais également de scènes témoignages du début du siècle… Paris la nuit, les lieux mondains… Il se dégage de ses peintures une liberté guidée par l’instinct et l’audace. Contrairement aux autres Fauves, Chabaud se distingue par des couleurs plus sombres, témoignant d’une certaine mélancolie mais également d’une franche singularité. Nous ne pouvons que vous encourager à découvrir cet artiste qui ne jouit par d’une gloire méritée.