Revivez l’ouverture du Cinemed !

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture

Le Festival de Cinéma Méditerranéen s’est ouvert ce vendredi 16 octobre dans des conditions sanitaires strictes. Malgré les contraintes, la fête fut belle et le film d’ouverture L’homme qui a vendu sa peau a ébloui le public.

Au fur et à mesure des minutes, l’Opéra Berlioz du Corum se remplit (de moitié, on nous signale qu’il faut laisser un siège vide entre chaque spectateur). Malgré ce dispositif, quel plaisir de se retrouver ensemble autour du cinéma ! Autour de la culture ! Au bout de quelques minutes, la lumière se tamise, la scène s’illumine et Christophe Leparc (Directeur du Festival) entre dans la lumière sous les applaudissements… Oui… même masqués… nous sommes tous heureux d’être là…

Le maire de Montpellier Michael Delafosse lors de la cérémonie d’ouverture du Cinemed

Pour l’occasion, Michael Delafosse est présent. Le maire nous rappelle en ces temps troublés par la crise sanitaire et le terrorisme que la culture vit encore et que l’année prochaine « nous serons à nouveau là « et sans masques ! »

L’homme qui a vendu sa peau de Kaouther Ben Hania

Le film d’ouverture est réalisé par Kaouther Ben Hania et s’intitule L’homme qui a vendu sa peau. C’est l’histoire de Sam Ali, jeune réfugié Syrien au Liban. Prêt à tout pour retrouver l’amour de sa vie, la belle Abeer promise à un autre homme vivant en Belgique, il signe un contrat avec l’artiste contemporain le plus sulfureux du moment :  Jeffrey Godefroi. Contre la promesse d’un visa et l’espoir de retrouver Abeer en Belgique, Jeffrey lui demande son dos afin d’y tatouer une œuvre et son acceptation d’être « exposé ». Mais une œuvre d’art avec un visa est-elle vraiment libre ?


L’équipe de L’homme qui a vendu sa peau le film d’ouverture du Cinemed

Les filment qui abordent l’art contemporain sont souvent de belles réussites prisées par les festivals de cinéma. On se souvient du sublime et choquant The Square qui était reparti avec la Palme d’or au Festival de Cannes 2017. Le réalisateur suédois Ruben Östlund s’était inspiré du travail sur l’animalité de l’homme de l’artiste Oleg Kulik pour réaliser sa scène mythique du gorille. Pour L’homme qui a vendu sa peau, la réalisatrice Kaouther Ben Hania confie que c’est après avoir découvert le plasticien belge Wim Delvoye et de son œuvre Tim 2006 (un homme tatoué par l’artiste et exposé sur un socle), que l’idée du film a muri en elle.

L’homme qui a vendu sa peau de Kaouther Ben Hania

A travers ce film, Kaouther Ben Hania interroge certes l’art contemporain, mais pas uniquement… On peut y découvrir un questionnement sur l’art en général : qu’est-ce qu’une œuvre ? l’art peut-il se placer au-dessus des lois ? Au-dessus de la morale ? Est-elle immortelle ? Des questions très actuelles qui restent en suspens et auxquelles chaque spectateur pourra répondre à la fin de la projection selon sa vision.
Au-delà de ces questionnements artistiques, Kaouther Ben Hania nous rappelle ce que certains individus sont obligés de déplacer des montagnes pour survivre et que le mot « liberté n’a pas le même sens selon le pays dans lequel on le prononce.

Un film aux sujets ultra contemporains qui (contrairement à l’art contemporain) n’en oublie pas la beauté. Bien sûr il y a le propos, les questionnements, mais Kaouther Ben Hania n’oublie pas la forme de son film : des plans fixes sublimes et des décors dignes de grands tableaux dans lesquels les personnages déambulent comme s’ils étaient chacun enfermés dans leurs milieux, dans leurs conditions, dans leurs passés, dans une certaine vision de l’avenir… Ils ne se ressemblent pas, mais doivent cohabiter dans ce cadre qui défile devant nos yeux.

Le film se termine et les lumières se rallument. C’est un tonnerre d’applaudissements qui récompense le travail de l’équipe qui jubile. Le Cinemed commence tambour battant !

L’acteur principal Yahya Mahayni (personnage de Sam Ali) et l’équipe du film à la fin de la projection.
Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

Partager cet article
Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
Suivre :
Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.
2 commentaires