Jean-Paul Belmondo nous a quittés ce lundi 6 septembre. Monstre sacré du cinéma en France et à travers le monde, il laisse derrière lui une carrière exceptionnelle, d’une rare richesse, multipliant les différents registres et les collaborations inoubliables. Retour sur dix films qui ont fait de Bebel la légende qu’il est devenu.
10 - Itinéraire d’un Enfant Gâté, de Claude Lelouch (1988)
Véritable ode à la liberté et au lâcher-prise, ce film marque la deuxième collaboration entre Belmondo et Lelouch, avant qu’ils se retrouvent pour un dernier rendez-vous en 1995 avec Les Misérables. Le réalisateur lui offre ici un rôle en décalage avec ce qu’il avait l’habitude de jouer au sommet de sa carrière. Une prestation émouvante qui lui vaudra d’obtenir le César du meilleur acteur, récompense qu’il ne souhaita pas récupérer accordant depuis toujours aucune importance aux distinctions personnelles. Il s’agira du dernier grand succès public et critique de la carrière de Belmondo.
9 - Le Professionnel, de George Lautner (1981)
Au début des années 80, Jean- Paul Belmondo est au sommet de sa popularité. Son nom est écrit en très grand sur les affiches de ses films, et le public se déplace juste pour voir Belmondo. Peut-être que Le Professionnel représente l’apogée de cette période. Un film d’action ultra efficace ou l’on retrouve un Bebel plus que jamais bagarreur et séducteur. Son face à face avec Robert Hossein ou encore la scène d’exécution finale resteront dans les mémoires, tout comme la bande originale cultissime signée de la baguette d’Ennio Morricone.
8 - Borsalino, de Jacques Deray (1970)
Quand on regarde la filmographie de Belmondo, il est difficile de ne pas s’arrêter sur Borsalino. C’est Alain Delon, également producteur du film, qui décide de partager l’affiche avec celui qui est à la fois son ami et son plus grand rival. Les deux stars du cinéma français sont réunies pour un film policier prestigieux et admirablement construit, en particulier grâce à un scénario signé Jean-Claude Carrière et Claude Sautet. Sur fond du thème musical tout en légèreté composé par Claude Bolling, Delon et Belmondo déambulent dans Marseille en costumes impeccables avec une classe et un charisme incomparable. Une image qui symbolise une époque ou les deux acteurs régnaient sur le cinéma français (presque) à eux seuls.
7 - Le Magnifique, de Philippe de Broca (1973)
Bijou de parodie du cinéma d’espionnage et de la saga James Bond en particulier, Le Magnifique séduit considérablement par son humour, sa créativité, et sa réalisation haute en couleurs. De Broca se donne tous les moyens pour mettre en scène sa pastiche, et bénéficie d’un Belmondo en forme olympique, se donnant à fond pour jouer ses deux personnages : un écrivain solitaire et son double littéraire, un espion fort, audacieux et charmeur. Une comédie d’action irrésistible, devenue l’ancêtre des OSS 117 avec Jean Dujardin.
6 - L’Homme de Rio, de Philippe de Broca (1964)
C’est le film que Steven Spielberg dit avoir vu neuf fois, et dont il s’est grandement inspiré pour ses Indiana Jones. L’Homme de Rio, lui-même inspiré des albums de Tintin, est une pure merveille de film d’aventure et est donc devenu à travers les années une véritable référence du genre. Françoise Dorléac et Jean-Paul Belmondo forme un duo étincelant, et ce dernier y réalise sur les toits de Rio ses premières cascades spectaculaires. A voir et à revoir sans modération.
5 - À bout de souffle, de Jean-Luc Godard (1960)
C’est ici que tout a commencé. Avec À bout de souffle, la Nouvelle Vague est en train de naitre et Belmondo commence à écrire sa légende. Réalisé avec trois francs six sous, une grande part d’improvisation et des acteurs alors inconnus, le film est une révolution pour le cinéma, aux antipodes de ce qu’on pouvait voir alors à Hollywood. Le personnage du jeune voyou Michel Poiccard devient l’un des personnages les plus important du septième art. « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas la ville… Allez vous faire foutre ! »
4 - Le Doulos, de Jean-Pierre Melville (1962)
Jean-Pierre Melville a joué un rôle majeur au début de la carrière de Bébel. Il réalisera trois films avec lui, dont le fascinant Léon Morin, Prêtre, mais aussi Le Doulos. C’est sans doute ce qu’il se fait de mieux dans le genre du film noir à la française. On y retrouve la mise en scène sombre et magnétique du réalisateur, qui offre par ailleurs aux jeunes Serge Reggiani et Michel Piccoli des seconds rôles de taille, mais également une écriture brillantissime. Pour Quentin Tarantino, il s’agit du meilleur scénario jamais écrit. Rien que ça. Belmondo lui, offre une prestation inhabituelle, tout en flegme et en maitrise. Les rapports entre le comédien et Melville seront houleux. Les deux hommes en viendront même aux mains sur le tournage de L’Aîné des Ferchaux (1963), et ne finiront par se réconcilier que neuf ans plus tard.
3 - Peur sur la ville, de Henri Verneuil (1975)
Ce polar d’exception parfaitement ficelé est souvent cité en premier lorsqu’on parle de Belmondo cascadeur. Sauts de toit en toit, debout sur une rame de métro à 60 km/h, accroché à un hélicoptère… Après le tournage de Peur sur la ville, le ciel de Paris n’avait plus aucun secret pour Bebel. Il forme avec Charles Denner un fabuleux duo de flics tout en éloquence. La course poursuite liant toutes ces cascades fera date et en inspirera plus d’un de l’autre côté de l’Atlantique. La mise en scène de Verneuil a rarement été à ce point inspirée et intelligente, et on y retrouve à nouveau en fond musical Ennio Morricone. Un classique.
2 - L’As des As, de Gérard Oury (1982)
Deuxième plus gros succès public de la carrière de Belmondo avec plus de cinq millions d’entrées, juste derrière Le Cerveau, L’As des As est probablement son film le plus populaire, qui aura marqué toute une génération. Cette comédie d’aventure pleine de panache sur fond de deuxième guerre mondiale dispose d’un charme fou. À la fois drôle, romantique et spectaculaire, le film est aujourd’hui un grand classique du cinéma français qu’on ne se lasse pas de revoir, avec son lot de séquences et de répliques culte.
1 - Un singe en hiver, Henri Verneuil (1962)
Il y a certaines rencontres qui marquent plus que d’autres. Celle auquel le public français a assisté avec Un singe en hiver en fait partie. Réunir Jean Gabin, star du cinéma français, et Jean-Paul Belmondo, jeune acteur phare de la Nouvelle Vague, était une idée audacieuse. Et la réussite est absolue. La connexion entre les deux hommes est évidente, malgré des premiers rapports relativement froids sur le tournage, leur amour pour le cinéma et le sport finiront par définitivement les rapprocher. Comment oublier les scènes de beuveries dans les rues du village de Villerville en Normandie entre les deux monstres sacrés. Et qui d’autre que Michel Audiard pour leur écrire de délicieux dialogues. Ajouter à cela une histoire à la fois drôle et touchante, illustrant avec humour et discernement la tentation de l’ivresse face aux différentes épreuves de la vie. Plus qu’une paire d’acteurs hors du commun, Un singe en hiver est aussi pour beaucoup une passation. Un passage de flambeau du maître vers l’élève Belmondo pour régner sur le cinéma français. Un flambeau que Gabin transmettra également à Alain Delon un an plus tard avec Mélodie en sous-sol. Une tâche que Belmondo, comme Delon, auront réussi à accomplir, et bien plus encore…
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Photo : © Dominique Acovides – Bestimages