Les Déferlantes fêtent cette année leur 15 ans… À quoi ressemblait le festival, il y a 15 ans ?
Ça ressemblait à 2 jours de festival et un petit truc gratuit sur la plage. On avait 4 000 personnes par soir. Cette année, on a un site qui peut accueillir 40 000 personnes. Voilà l’évolution ! Et entre tout ça, on a accueilli des artistes comme Elton John, Lenny Kravitz, Iggy Pop, Ben Harper, Jamiroquaï, Arcade Fire… Beaucoup d’artistes récents, aussi, comme Orelsan, des groupes mythiques comme House of Pain en hip-hop américain… En chanson française, je crois qu’on a fait tout le monde… Il y a eu beaucoup de programmes en 13 éditions finalement, parce que les deux autres ont été annulées.
15 ans, c’est un anniversaire symbolique. Qu’est-ce qui va se passer cette année ?
On a changé de lieu. On garde le même ADN et la même philosophie. On a un château qui a été construit par le même architecte. C’est l’héritage de la famille Bardou, qui avait construit plusieurs châteaux pour ses enfants : le château de Valmy pour leur fille, le château d’Aubiry pour un des garçons et le parc Ducup pour l’autre. Ce sont des parcs majestueux avec une vue extraordinaire. À Valmy, on avait la vue sur la mer, là on a vue sur les montagnes. Sauf qu’on change de dimension. Valmy c’était 2 hectares et demi, là c’est 10. C’est beaucoup plus grand et facile d’accès, puisque l’autoroute amène directement au château. On garde aussi le même ADN musical, c’est multigénérationnel et éclectique, avec des artistes qu’on n’aurait jamais eus, comme Muse qui est cette année à Madrid, à Berlin… et à Céret ! On va dans tous les styles, aucun n’est privilégié. Et puis il y a toujours cet aspect gastronomique et catalan. Cette année on passe quasiment à 100 % de circuit court, même la bière, le vin… tout est vraiment fabriqué chez nous. C’est ça la force. On met en valeur des sites, on les préserve, et surtout on consomme ultra local.
Quelle est votre part de liberté quand vous préparez la programmation ?
La liberté est totale. C’est moi qui décide, mais bien évidemment on en discute en équipe. On se teste nous-mêmes et notre entourage, pour savoir si ça va être le bon groupe ou pas… Une part est liée évidemment au fait que tel ou tel artiste va nous amener du monde, parce qu’il est rare ou qu’il n’est pas encore passé dans la région. Et il y a une histoire de routine, ou selon les demandes des producteurs, c’est comme ça qu’on a aussi des artistes qui montent. Il y a un certain feeling à avoir, parce que la musique n’est pas conventionnée comme avant. Maintenant, un artiste peut très vite partir. On peut signer un artiste qui marche bien aujourd’hui, et dans six mois c’est peut-être déjà passé. Il faut éviter les artistes à un seul titre, préférer ceux qui ont un projet un peu plus important. Et nous avons beaucoup de découvertes, puisque sur quatre scènes, deux sont dédiées aux découvertes.
Ces scènes découvertes font aussi partie de l’ADN…
On avait déjà un espace découvertes, qu’on a « upgradé », avec des artistes locaux. Celui qui ouvre le tout premier le festival est un artiste de Céret qui s’appelle Xavier Mateú. Il avait gagné la Nouvelle Star, mais il n’a pas pu faire sa promo, donc c’est une autre chance. On ouvre vraiment à la scène locale. D’ailleurs, le premier jour c’est Cali, parrain du festival, qui ouvre les grandes scènes. Et il y a une ancienne piscine toute ronde avec une passerelle dessus, un espace qu’on a décidé de dédier à un DJ set, et qui sera ouvert par un DJ de Céret aussi.
Une programmation ouverte sur le sud de France, donc, comme d’autres événements dont tu t’occupes. Tu nous en parles un peu ?
Bien sûr. On a Live au Campo, pas vraiment dans le même style, puisque c’est un festival qui consacre une soirée à un artiste, dans un amphithéâtre à ciel ouvert avec 2 500 personnes assises. C’est un lieu plein d’histoire en plein cœur de Perpignan, dans un monument classé du XIIIe siècle avec des voûtes partout, c’est magique. On vient uniquement pour l’artiste. C’est un peu comme le Festival de Nîmes, on vient à 21h, il y a une première partie locale, puis l’artiste principal et la soirée est terminée.
L’année dernière on a lancé Pellicu-Live avec François-Xavier Demaison. C’est un festival autour du cinéma de la gastronomie et du live. C’est dans un lieu magique aussi, au château Palauda à Thuir, avec la plus grande cuve en chêne au monde, donc c’est un endroit très mythique et très marqué.
Et comme Les Déferlantes se faisaient avant à Valmy et que ça nous tenait à cœur, on a voulu y retrouver les concerts comme on les avait démarrés, à 4 000 personnes. Ce Festival Bacchus, c’est l’équivalent des Déferlantes au début, une scène avec trois groupes par soir, 100 % circuit court avec la vue sur la mer, entouré de vignes. C’est un festival épicurien, tout simplement, avec une belle programmation où on retrouve Dutronc & Dutronc, Grand Corps Malade ou Bénabar…
Et Les Déferlantes, dans 15 ans, ça ressemblera à quoi ?
J’espère qu’on sera toujours là (rire). J’espère que le parc sera encore plus beau, parce qu’il n’a jamais été ouvert au public et il a été un peu délaissé… Maintenant, il y a tout un nouveau projet culturel et touristique. D’ici là, je pense qu’il y aura un train qui amènera directement au festival, puisqu’il y a des rails qui existent déjà. On est en discussion avec la région et la SNCF là-dessus. C’est dans les projets, donc on peut imaginer une arrivée comme à Disney… Et que ce soit un succès tout le temps, voilà ! De toute façon, il va nous falloir plusieurs années pour nous asseoir, parce qu’on recommence une histoire. On prend le pari de redémarrer à zéro. Peut-être que dans 15 ans, on réfléchira à comment on repart (rire).
Toute la programmation et la billetterie des Déferlantes est à retrouver sur le site officiel.
Propos recueillis par Peter Avondo