Jean Dujardin réendosse le costume du plus célèbre des agents secrets français dans OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire, actuellement en salles. Hubert Bonisseur de la Bath se rend cette fois-ci au Kenya, dans le but d’aider le dirigeant du pays à lutter contre les rebelles locaux. Dans cette optique, il devra faire équipe avec le jeune OSS 1001.
Son retour était très attendu. Douze ans après Rio ne Répond Plus, OSS 117 rempile donc pour une troisième mission. Mais les choses ont changé. Derrière la caméra d’abord. Après l’immense succès public et critique des deux premiers films signés Michel Hazanavicius, celui-ci n’a pas souhaité continuer l’aventure, trouvant le scénario de ce troisième volet peu convaincant. C’est finalement Nicolas Bedos qui lui succède, s’accordant une parenthèse « divertissement » dans sa jeune carrière de réalisateur, après ses deux excellentes comédies dramatiques que sont Monsieur et Madame Adelman et La Belle Epoque. L’époque justement, est un des autres changements notables pour ce film. Fini le temps de l’après-guerre, de René Coty et du Général De Gaulle. Place aux années 80. Un changement qui se manifeste sur le fond comme sur la forme. On se souvient qu’Hazanavicius prenait un plaisir certain à profiter de la période des 50/60 pour mettre en scène les deux premiers films de la même manière qu’on pouvait le faire à l’époque, pastichant notamment les premiers James Bond avec Sean Connery ou certains films d’Alfred Hitchcock. Avec une intrigue se déroulant en 1981, Nicolas Bedos peut, lui, se permettre plus de modernité dans sa mise en scène. On assiste notamment à une scène d’introduction explosive, puis par la suite des plans larges magnifiques sur la savane et les paysages africains.
Comme pour les deux films précédents, c’est le talentueux Jean-François Halin qui signe le scénario. Et on le ressent. L’humour à la fois décalé et politiquement incorrect est toujours bien présent, et fonctionne toujours à merveille. Des thématiques nouvelles sont brillamment abordées : la vieillesse, le choc générationnel… La rivalité entre les deux OSS est en effet très drôle à suivre.
Les hommages sont eux aussi toujours là. On notera en particulier un générique extra aux tons très Bondiens.
Enfin, c’est un sans-faute côté interprétations. Pierre Niney, Natacha Lindinger et Fatou N’Diaye sont excellents. Jean Dujardin, lui, est toujours fabuleusement drôle dans un rôle qui semble n’avoir plus aucun secret pour lui.
OSS 117 : Alerte Rouge en Afrique Noire est donc une suite très réussie, qui reste fidèle à l’essence de la saga tout en parvenant à la renouveler. C’est une comédie d’espionnage drôle, surprenante, intelligente et spectaculaire. Quand on connait la difficulté actuelle à avoir l’accès à certains humours, ce film fait du bien à la liberté artistique et à la liberté de ton.