Agnès Varda par Hans Ulrich Obrist à LUMA Arles

Nous connaissons tous la cinéaste Agnès Varda, mais connaissez-vous Agnès Varda l'artiste contemporaine ? C'est cette facette de la réalisatrice que Hans Ulrich Obrist nous propose de découvrir à l'occasion du troisième chapitre de l’archive du critique à LUMA Arles jusqu'au 26 mai : "Archive de Hans-Ulrich Obrist - Chapitre 3 : Agnès Varda Un jour sans voir un arbre est un jour foutu"

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture
"Une cabane de cinéma : La Serre du Bonheur" (2018) d'Agnès Varda - Photo : Thibault Loucheux-Legendre / Snobinart

Tout le monde aime Agnès Varda. Brillante réalisatrice, femme engagée devenue icône féministe, elle était une grande défenseuse du dialogue et de la création. On peut affirmer qu’elle était une artiste géniale. Permettez-moi une petite anecdote en ce début d’article : si je n’ai pas eu la chance de la rencontrer, j’ai eu l’opportunité de l’apercevoir sur le tapis rouge du Festival de Cannes en 2013. Arrivée un peu avant Nicole Kidman et Uma Thurman, la petite femme est apparue avec sa coiffure légendaire et une robe argentée, créant une effervescence équivalente à celle des stars américaines. Alors oui, tout le monde aime Agnès Varda.

La pointe courte, Cléo de 5 à 7, Sans toit ni loi… On ne présente plus les films d’Agnès Varda et le rôle capital que la réalisatrice a pu jouer au sein de la Nouvelle Vague et du cinéma français en général, mais peu savent que les créations de la géniale cinéaste s’étendent au-delà des frontières du septième art. Dans Archive de Hans-Ulrich Obrist – Chapitre 3 : Agnès Varda Un jour sans voir un arbre est un jour foutu, on découvre le rôle capital qu’a joué le critique dans l’introduction de Varda dans le monde de l’art. Alors que Hans Ulrich Obrist vit en Suisse, il rêve de partir à Paris pour poursuivre la découverte des ateliers d’artistes. Son départ pour la capitale française intervient en 1991 à l’occasion d’une résidence à la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Durant ces trois mois, Obrist visite plus de trois cents ateliers et artistes, dont Dominique Gonzalez-Foerster qui lui parle longuement d’Agnès Varda, avivant chez le théoricien la volonté d’une rencontre. Cette dernière interviendra plus de dix ans plus tard : « C’est en 2002, grâce à Christian Boltanski et Annette Messager, que Obrist a enfin eu l’opportunité de rencontrer et de filmer Varda dans sa maison magique du 86 rue Daguerre, à Paris. À la suite de cet entretien, Molly Nesbit, Rirkrit Tiravanija et Hans-Ulrich Obrist ont invité Agnès Varda à participer à Utopia Station, une section de la 50ᵉ Biennale de Venise, dirigée par Francesco Bonami en 2003. La proposition de Varda a marqué ses débuts de « vieille cinéaste, mais jeune artiste » avec l’installation de son triptyque vidéo Patatutopia, qui célèbre les pousses et les racines de pommes de terre en forme de cœur. »

« Gisèle & Jean-Noël » et « Joséphine et Mathieu », tirée de la série « Les Mains complices » (2019) d’Agnès Varda – Photo : Thibault Loucheux-Legendre / Snobinart

L’exposition à LUMA Arles dévoile toute la créativité de Varda et la place capitale que la nature détient dans son travail. Le témoignage le plus criant de cette affirmation est certainement sa Cabane de cinéma : la Serre du Bonheur (2018, image mise en avant), dernière d’une série emblématique de cabanes dont la structure est construite avec des bobines de films qu’elle a réalisés. A l’intérieur de cette Serre du Bonheur se trouvent de faux tournesols patinés. Autre pièce marquante, sa série émouvante des Mains complices, sa dernière œuvre dévoilant des mains enlacées de couples qui sont entourées de patates cœurs. Une pièce qui sonne comme une célébration de l’amour et de la nature.

Archive de Hans-Ulrich Obrist – Chapitre 3 : Agnès Varda Un jour sans voir un arbre est un jour foutu est une manière de découvrir et redécouvrir l’œuvre en renouvellement constant d’une des plus grandes créatrices de son temps sous le regard du plus passionné des critiques : « L’amitié entre Varda et Obrist s’est développée à travers de nombreux entretiens et projets, Obrist assistant à presque toutes ses expositions, et Varda participant aux marathons de conversations de la Serpentine à Londres. Obrist lui rendait régulièrement visite rue Daguerre, parfois en compagnie de Maja Hoffmann, avec qui Varda partageait une profonde affinité pour Arles, la photographie, le cinéma et l’art contemporain. » 


Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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