Bientôt le Printemps, une programmation de toutes les ambitions

Il faudra désormais s’y habituer : les yeux du grand monde du spectacle vivant seront une fois de plus rivés vers Montpellier lors de la nouvelle édition du Printemps des Comédiens, qui se déroulera cette année du 1er au 21 juin. Après un rendez-vous particulièrement réussi en 2022 avec la présence de la Comédie-Française ou la version mémorable de Peer Gynt par David Bobée, le festival montpelliérain revient, plus ambitieux que jamais, avec un programme de grande qualité qui promet déjà de grandes rencontres artistiques.

Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
8 mn de lecture

Depuis le début du mois de mars, Jean Varela sillonne les routes du département de l’Hérault pour présenter aux spectateurs la programmation de cette nouvelle édition. Cette tournée à la rencontre du public, le directeur du Printemps des Comédiens en a fait sa marque de fabrique et attire de nombreux passionnés, comme nous avons pu le constater le 10 mars dernier à la MJC de Teyran. À cette occasion, nous avons pu en apprendre un peu plus sur ce qui attend les spectateurs du festival durant le mois de juin prochain.

© Peter Avondo – Snobinart

Se recentrer pour mieux se concentrer

Depuis septembre dernier, les équipes du Printemps des Comédiens et du Domaine d’O œuvrent pour avancer ensemble dans une même direction. L’objectif : faire de ce lieu sans pareil une véritable cité du théâtre et du spectacle vivant. La saison 22-23 qui se poursuit jusqu’en avril en est d’ailleurs la preuve évidente, les fidèles spectateurs du Théâtre Jean-Claude Carrière ayant pu découvrir cette année des pièces de grande qualité.

Pour ce Printemps 2023, c’est donc en toute logique que le festival choisit de se recentrer davantage sur le Domaine d’O en mettant à contribution toute la richesse de ses espaces. De l’incontournable amphithéâtre au Théâtre d’O, en passant par l’ombre des micocouliers ou les jardins du bassin, l’événement fait cette année le choix du partage, des échanges et des rencontres.

Pour autant, d’autres scènes de la Métropole de Montpellier seront mises à contribution pour accueillir une partie de la programmation. Le Kiasma à Castelnau-le-Lez présentera Même si le monde meurt de Laurent Gaudé mis en scène par Laëtitia Guédon. Le Hangar sera le théâtre de pas moins de cinq pièces au cours des trois semaines que dure le festival. Et le Théâtre des 13 vents proposera six représentations de la création de Marie Lamachère autour de deux pièces de Shakespeare (La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été), actuellement en préparation avec La Bulle Bleue.


Se donner les moyens de ses ambitions

Si le Printemps des Comédiens a su se faire une place de choix à l’échelle régionale, l’événement est aussi devenu au fil des années une référence à part entière dans le paysage théâtral national et international. À l’image de l’indétrônable Festival d’Avignon, le rendez-vous montpelliérain assume ses ambitions et le prouve cette année à travers une programmation de l’inédit. Sur plus d’une vingtaine de spectacles proposés, onze sont des créations, neuf sont réalisés en production ou en coproduction avec le Printemps, et six seront joués pour la première fois en France à cette occasion.

Parmi ces créations, on retrouve le metteur en scène Ivo van Hove, présent l’an dernier avec la troupe de la Comédie-Française pour la version originale du Tartuffe. À l’issue d’une résidence au Domaine d’O, le metteur en scène proposera un diptyque autour d’Ingmar Bergman : Après la répétition / Persona. Dans ce que Jean Varela décrit comme une « scénographie à couper le souffle », le public y verra notamment le comédien Charles Berling, qui portera également une autre création, Léon Blum, une vie héroïque, un événement adapté par le créateur du podcast éponyme sur France Inter, Philippe Collin.

Autre projet de grande envergure, la pièce Extinction de Julien Gosselin fera partie cette année des immanquables du festival. Et pour cause, le spectacle, qui sera créé au Printemps des Comédiens 2023, sera ensuite joué un mois plus tard dans le cadre du In au Festival d’Avignon, comme pour asseoir définitivement l’implication sincère et les ambitions de l’événement montpelliérain.

Au carrefour des pratiques et de l’Histoire

S’il ressort une chose essentielle de cette programmation 2023, c’est sans doute sa complexité dans ce qu’elle a de plus nécessaire. Comme un fil rouge tendu au long des trois semaines, les pratiques artistiques se mêleront les unes aux autres dans un objectif commun. Théâtre, cinéma, cirque, littérature, musique… chacun de ces arts a sa place dans une grande interrogation de l’Histoire, qui suit son cours et dont le festival se fait témoin.

Il y a le passé que nous apprenons dans les livres d’histoire. Nous avons évoqué Léon Blum, parlons aussi de la puissante pièce Esthétique de la résistance, mise en scène par Sylvain Creuzevault, qui nous plonge dans l’Allemagne d’entre-deux-guerres. Il y a ce que les régimes et idéaux politiques provoquent à travers le temps et l’espace, comme dans Oasis de la impunidad, Hartaqāt ou le métaphorique Ubu. Et il y a l’Histoire qui nous assaille en temps réel…

Il y a un an, lorsque Jean Varela dévoilait la programmation du Printemps des Comédiens 2022, l’Ukraine venait de subir une attaque qui planait dans tous les esprits. Quelques mois plus tard, le Festival d’Avignon faisait un choix fort : offrir l’ouverture dans la cour d’honneur à l’artiste dissident russe Kirill Serebrennikov. Cette année, c’est à Montpellier que le metteur en scène sera mis en lumière avec Der Wij, une pièce adaptée de Gogol qui résonnera en profondeur avec la guerre qui fait toujours rage un an après. À travers ce choix, le directeur du festival montpelliérain affiche ainsi sa résolution : « Notre fanion, c’est le fanion de l’engagement artistique ».

Demandez le programme !

  • Après la répétition / Persona, Ivo van Hove (Création, Production)
  • Ismène, Marion Coutarel (Création)
  • Extinction, Julien Gosselin (Création, Coproduction)
  • Anatomie du désir, Boris Gibé (Coproduction)
  • Rapport pour une académie, Georges Lavaudant (Création, Coproduction)
  • Devant vous, Brigitte Negro / L’Autre Théâtre (Création)
  • Histoire(s) de larmes, Laetitia Spigarelli (Création)
  • La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été, Marie Lamachère (Création, Coproduction)
  • J’ai une épée, Léa Drouet (Première en France, Coproduction)
  • Même si le monde meurt, Laëtitia Guédon (Création)
  • Esthétique de la résistance, Sylvain Creuzevault
  • Ubu, Robert Wilson (Première en France)
  • Léon Blum, une vie héroïque, Philippe Collin, Violaine Ballet et Charles Berling (Création)
  • Création 2023, Balthazar (Création)
  • Bande originale, Old Masters
  • Aller sans savoir où, François Gremaud
  • Carmen, François Gremaud (Première en France, Coproduction)
  • Giselle…, François Gremaud
  • Rosa (titre provisoire), Séverine Chavrier (Création, Coproduction)
  • Le Souper, Julia Perazzini
  • Hartaqāt (Hérésies), Lina Majdalanie et Rabih Mroué (Première en France, Coproduction)
  • Yé! (L’eau), Circus Baobab
  • Der Wij (Le Vij), Kirill Serebrennikov (Première en France)
  • Oasis de la impunidad (L’Oasis d’impunité), La Re-sentida (Première en France)

Les informations et réservations sont à retrouver sur le site du Printemps des Comédiens. La programmation est à retrouver en intégralité sur ce document.

Peter Avondo

Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.

Partager cet article
Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
Suivre :
Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse.
Laisser un commentaire