Le paradis des antiquaires
Impossible d’arpenter les rues bucoliques de L’Isle-sur-la-Sorgue sans tomber sur l’une de ces nombreuses enseignes qui annoncent une boutique d’antiquités ou une brocante sédentaire. Et pour cause, cette activité fait partie intégrante de la commune, qui est désormais devenue un lieu de passage obligatoire pour les professionnels du métier.
Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, la passion isloise pour la « chine » n’est pas si ancienne. Il suffit de remonter dans les années 1960 pour rencontrer les premiers antiquaires installés dans le village : René Légier et Albert Gassier. Sur leur initiative, une première foire à la brocante est organisée en 1966, avant de connaître un succès grandissant au cours des années.
Les locaux et les touristes y prenant goût, L’Isle-sur-la-Sorgue devient rapidement la capitale provençale des antiquaires et se développe en partie autour de cette activité. Dans les années 1970, les premiers villages d’antiquaires apparaissent au sein de la cité, dans des espaces mêlant toutes sortes d’objets anciens, des meubles aux livres en passant par les objets d’art, les bijoux et autres curiosités.
Outre ces lieux d’exception qui accueillent le public toute l’année, de nombreux rendez-vous ont également lieu de façon ponctuelle. C’est le cas de la Foire Internationale Antiques Art & You qui se tient à Pâques et en automne, ainsi que de la grande brocante de la Pentecôte organisée par l’Association des Brocanteurs de L’Isle-sur-la-Sorgue.
Particulièrement attractive avec le regain d’intérêt des Français pour les objets anciens, la ville jouit aujourd’hui d’une réputation forte qui n’est pas près de s’estomper.
Une histoire au fil de l’eau
Autre symbole emblématique de L’Isle-sur-la-Sorgue, les fameuses roues à aubes jalonnent les canaux qui traversent la cité et qui lui valent le surnom de Venise Comtadine.
Construites dès le XIIe siècle, ces véritables sources d’énergie hydraulique ont fleuri le long des eaux vives de la Sorgue (ou plutôt des Sorgues), à la fois pour des usages domestiques et pour répondre aux nécessités de l’industrie locale.
Alimentées par ces roues, les machineries des différents moulins pouvaient ainsi fonctionner quotidiennement et assurer une production sans faille. De ces moulins, on en retient principalement deux sortes. D’un côté les classiques – les plus nombreux – qui servaient à fabriquer de la farine alimentaire, de l’autre les moulins-paroirs qui permettaient de concevoir les draps de laine des Monts de Vaucluse, particulièrement sollicités au Moyen-Âge.
De siècle en siècle, L’Isle-sur-la-Sorgue a donc développé le travail de la laine, puis de la soie, faisant du village provençal un important carrefour de l’industrie textile. En témoigne le musée dédié à cette activité, La Filaventure, situé avenue de la Libération. Cette manufacture lainière, la dernière encore en activité, invite le public à la découverte des fibres nobles et de leur fabrication.
Les nombreuses roues à aubes, quant à elles, sont visibles dans toute la commune, notamment le long du Canal de l’Arquet qui traverse la ville.
René Char, l’Islois qui créa le Festival d’Avignon
Né le 14 juin 1907, l’écrivain français René Char aura connu bien des vies après avoir quitté son village natal de L’Isle-sur-la-Sorgue. Car s’il est aujourd’hui connu pour avoir écrit de nombreux poèmes, notamment sur la rivière de son enfance, et pour avoir pris part à la Résistance lors de la Seconde Guerre Mondiale, il est aussi l’un des instigateurs du Festival d’Avignon.
C’est à l’occasion d’une exposition d’art moderne, qu’ils organisent au cœur du Palais des Papes, que René Char et ses acolytes Christian et Yvonne Zervos se rapprochent du metteur en scène Jean Vilar. Ils lui demandent de donner, dans le cadre de l’exposition, une représentation de son spectacle Meurtre dans la cathédrale. Mais Vilar refuse et propose plutôt trois autres créations. Ainsi eut lieu, du 4 au 10 septembe 1947, le rendez-vous baptisé Une semaine d’art en Avignon, prémisce du grand festival de théâtre que nous connaissons aujourd’hui.