Li Beloïo, une histoire de passion et de transmission

En trois décennies, Li Beloïo est devenue la boutique incontournable des bijoux anciens à Arles. Créée au début des années 1990 par André Saint-Michel et sa femme, elle a été reprise il y a un an par Hélène Laroche, une ancienne parisienne tombée amoureuse de la Provence. Appréciés par les locaux, par les touristes et par certaines personnalités, les bijoux de la boutique Li Beloïo sont avant tout une histoire de passion et de transmission qui perdure encore aujourd’hui.

Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
5 mn de lecture
Hélène Laroche - Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

« Li Beloïo » est l’élégante traduction de « Les bijoux » en provençal. C’est également le nom de la boutique d’Hélène Laroche située au 11 rue Porte de Laure à Arles. Femme au parcours multidisciplinaire, Hélène a fait une École Supérieure d’arts graphiques à Saint-Germain- des-Prés avant de successivement travailler dans la presse (Elle, Vogue…), dans la mode (Ralph Lauren, Daniel Crémieux…), le luxe (Andrés Sardá), puis dans l’information… C’est finalement sa passion pour les bijoux qui prendra le dessus : « C’est le Covid qui a eu raison des valeurs que je portais et que je ne retrouvais plus dans ce milieu. J’avais un peu fait le tour de la question… J’étais déjà à l’époque passionnée de bijoux anciens et de bijoux en général. J’aime tous les bijoux, contemporains ou anciens. Je portais ceux de ma mère, de ma grand-mère… Je me rendais régulièrement à Arles depuis plusieurs années et j’étais cliente de Monsieur Saint-Michel et de sa boutique Li Beloïo. Lors de l’une de mes visites à la boutique, André Saint-Michel me signale qu’il cherche à céder son commerce, mais pas à n’importe qui… Il voulait vraiment transmettre sa passion ». Hélène partage les valeurs de traditions d’André Saint-Michel et décide de se lancer dans l’aventure en proposant sa candidature pour la reprise. Après un long moment de réflexion, l’ancien propriétaire accepte.

André Saint-Michel et sa femme décident de se lancer dans le commerce de bijoux anciens en 1991 en lançant Li Beloïo. Lorsqu’il accepte la proposition d’Hélène Laroche, André Saint-Michel lui fait bénéficier d’une vraie transmission : « C’était très important pour moi. N’étant pas du sérail de la bijouterie à la base, j’avais besoin d’une formation assez importante. Donc je suis retourné à l’école (rire) mais sur le terrain. Je suis arrivée au début du mois de juillet 2022 et j’ai tout de suite commencé ma formation. La cession s’est faite en novembre de la même année et la formation a duré plus de huit mois. C’était assez intense, avec un changement de région, changement de métier… Mais j’avais beaucoup de choses qui s’animaient en moi. Tout s’est très bien passé, j’ai établi une relation privilégiée avec les clients, toujours autour de cette passion qu’est le bijou. » S’il a cédé son commerce, André Saint-Michel n’est jamais loin. Lors de notre entretien, il passe à l’improviste à la boutique et ne résiste pas à l’idée de nous partager son histoire: « La boutique a été créée au départ pour être « équipementier des Arlésiennes ». Il y avait certains bijoutiers qui faisaient de la copie, mais mon épouse et moi nous étions passionnés par le bijou ancien, donc nous avons décidé d’en vendre en essayant d’avoir toute une gamme de prix. A l’époque, on faisait déjà de la belle fantaisie et certains fabricants de bijoux en or déclinaient la même version en plaqué or, mais avec la même finition. » Véritable passionné du bijou, André Saint-Michel a pour projet d’éditer un livre sur sa passion pour les bijoux des Arlésiennes.

Photo : Thibault Loucheux / Snobinart

Cela fait donc un an qu’Hélène est à la tête de Li Beloïo. La bijouterie-joaillerie a déjà prestigieuse dans la ville et au-delà. Si les Arlésiennes sont toujours fières d’arborer ces bijoux, il n’est pas nécessaire de porter l’habit provençal pour les mettre en valeur. Nombreuses sont les clientes qui viennent des quatre coins de la France pour découvrir ces créations des siècles derniers : « Ce sont des bijoux anciens, fin XVIIIe jusqu’à la période Art déco. Ce ne sont pas des reconstitutions, on est vraiment dans l’authenticité. Ils sont essentiellement en or ou en argent et très diamantés. Les Arlésiennes étaient extrêmement coquettes et on trouvait beaucoup de diamants, taillés en rose, en table… Il y avait aussi beaucoup de corail ancien, on trouvait des tailleurs de corail à Marseille, en Italie, à Naples notamment… C’est un corail très spécifique qui n’est pas rouge mais plutôt orangé, ce qui donne vraiment tout son éclat et toute sa beauté sur un vêtement. On trouve aussi beaucoup de camés, le côté antique était très à la mode au XIXe siècle ». Vous l’aurez compris, ces trésors présents dans la boutique sont de véritables bijoux anciens et non pas des copies d’anciens, certaines pièces auraient d’ailleurs tout à fait leur place dans un musée. Li Beloïo, c’est une histoire de passion et de transmission qu’Hélène Laroche poursuit aujourd’hui.

Thibault Loucheux-Legendre

Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans.

Également dans : Snobinart N°15
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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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