Le metteur en scène Julien Bouffier, en charge de la programmation du WarmUp, ne cesse de le marteler : « Ce que vous allez voir n’est pas un spectacle, c’est une étape de travail ». Et il est important de le rappeler, car c’est là l’essence même de ce rendez-vous, dont il a présenté ce week-end la septième édition.
Le WarmUp, c’est avant tout une série de rendez-vous, en partenariat avec certains lieux de la Métropole de Montpellier, qui permettent aux artistes de rencontrer un public et inversement. Avec la présentation d’une recherche plus ou moins aboutie autour de leur future création, les compagnies lèvent ainsi un voile souvent fragile sur les thématiques, les formes ou même les techniques vers lesquelles elles tendent. Des créations qui verront le jour sous leur version définitive lors des saisons prochaines.
Pour les techniciens, metteurs en scène, interprètes et autres membres des équipes artistiques, cette échéance a parfois une valeur de test. Recueillant les réactions, avis et suggestions d’un public attentif, les créateurs ont ainsi toute la liberté de réorienter (ou non) leurs futurs travaux, de les compléter, de les conforter ou encore de voir leur propre démarche sous un angle nouveau.
Pour les spectateurs et les programmateurs aussi, le WarmUp sert de mètre étalon. Les formes qui naîtront de la recherche présentée au WarmUp finiront par atterrir sur les scènes du territoire. Et leur découverte « en l’état » permet souvent d’en déceler les sensibilités, les motivations, les sensations… En résumé, la formule est éminemment bénéfique et elle attire, sans aucun doute.
Il faut dire que depuis quelques années, l’intérêt du public pour les démarches créatrices s’est beaucoup développé. Là où, auparavant, le lien entre spectateurs et artistes se faisait presque exclusivement au moment de la représentation, le public du XXIe siècle a un véritable désir de faire partie intégrante du processus de création. Une habitude peut-être héritée du concept de making of au cinéma ou sur les plateformes de streaming.
Sur les planches, on l’a constaté avec la multiplication des sorties de résidence dans les théâtres, des ateliers pratiques aux thématiques variées, ou des initiatives menées par les différentes associations de spectateurs. La soif de découverte, de partage et d’apprentissage est forte ! En réponse à cela, les rendez-vous tels que le WarmUp du Printemps des Comédiens ouvrent à tous la possibilité d’appréhender le spectacle sous un point de vue inédit.
Pour cette septième édition, une nouvelle étape a d’ailleurs fait son apparition. En partenariat avec le lieu d’écriture contemporaine La Baignoire, le WarmUp programmait la lecture d’une pièce en cours d’adaptation, élargissant ainsi le spectre de ses propositions sur une vision toujours plus large de la création.
Et si toutes les formes présentées ne viendront pas nécessairement compléter la programmation du Printemps des Comédiens, le festival fait montre d’une dynamique forte et vaste en faveur du spectacle vivant sur le territoire. Des actions qui ne se limitent pas à l’unique moment qu’est la représentation finale, et qui inscrivent l’institution dans une histoire contemporaine de la création.