Pour ce grand retour de la franchise Matrix au cinéma, seule Lana Wachowski a accepté de prendre les commandes de la réalisation, sa sœur ayant refusé à la fois pour des raisons personnelles et professionnelles. Néanmoins, la présence de l’une des créatrices de l’univers et de ses acteurs vedettes avait tout pour rassurer les attentes des nombreux fans.
Mais une fois passée la satisfaction de retrouver les personnages emblématiques de la saga tels que Neo, Trinity et Morpheus, il faut bien avouer que l’effet s’estompe assez rapidement. Pourtant, la première partie de ce nouveau volet partait plein de promesses. Dans un récit qui brouille étrangement les frontières entre la réalité et la fiction, Lana Wachowski avait largement de quoi développer une réflexion approfondie et novatrice.
Seulement voilà, partout plane l’ombre de la trilogie Matrix, pour les spectateurs comme pour les personnages. Et bien que l’on prenne plaisir à relever les nombreux clins-d’œil et références aux films originaux, difficile de s’en contenter de façon exclusive.
Dans le film, Neo redevenu Thomas Anderson est développeur de jeux vidéos. Il a créé la trilogie de jeux Matrix, à priori uniquement sortie de son imagination, et a connu un grand succès auprès du public. Il a depuis longtemps tourné la page de cette création, mais à la demande générale et sous la pression de son studio de production, il est contraint de réfléchir à un nouvel opus. Là encore, réalité ou fiction, pour cette genèse de Matrix : Resurrections, derrière laquelle on imagine assez facilement la contrainte de la reprise que l’on sent aussi bien dans le scénario que dans l’esthétique du film.
Il y a vingt ans, à l’heure de la sortie du tout premier Matrix, les effets spéciaux et le travail de l’image étaient tout simplement révolutionnaires. Mais force est de constater que les techniques d’alors, depuis maintes fois réutilisées, se sont essoufflées. Tout comme les relations, conflictuelles ou amoureuses, entre les personnages eux-mêmes ou dans leurs rapports avec les machines. Ce qui nous amène à nous poser la même question que pose le film : « Pourquoi chercher à innover avec un ancien code ?« .
Malgré le manque global d’originalité et d’innovation par rapport aux trois premiers opus, Matrix : Resurrections n’est toutefois pas un mauvais film. La prestance combinée de Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss est évidemment un atout, bien qu’exploitée à outrance. Et la présence de Neil Patrick Harris au casting apporte un relief nouveau à cet univers.
Un film que l’on conseillera surtout aux fans et aux nostalgiques de la première mouture, mais soyez prévenus : il n’y a rien de véritablement nouveau du côté de la Matrice.