« Como una baguala oscura », des pieds et des mains

À La Vignette à Montpellier, Nina Laisné retrace une certaine histoire du folklore argentin dans sa nouvelle création qui a vu le jour en 2024 aux 2 Scènes à Besançon. Dans Como una baguala oscura, la metteuse en scène provoque une rencontre sensible entre Hilda Herrera et Néstor Pastorive.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
4 mn de lecture

Avant même d’entendre sa musique ou de voir son visage projeté sur un écran aux airs de panneau publicitaire défraîchi, c’est la voix de Hilda Herrera qui résonne dans la pénombre du plateau. Compositrice emblématique du folklore argentin, elle est devenue symbole de liberté dans son pays natal en usant de la musique contre la censure dans un pays sous dictature. Son libre arbitre, elle l’a aussi défendu dans une approche nouvelle des traditions, imposant peu à peu le piano comme instrument folklorique quand seuls la guitare et le bombo (un grand tambour) y étaient acceptés. En parallèle de sa vie et de sa carrière, c’est tout un visage de l’Argentine qui est ainsi convoqué dans Como una baguala oscura.

Pour cette pièce, Nina Laisné confie les œuvres de la pianiste au chorégraphe et danseur Néstor ‘Pola’ Pastorive. Imaginant un dialogue entre les compositions musicales et leur interprétation au plateau, la metteuse en scène conçoit un espace qui s’équilibre entre douceur et puissance. Imprégné du zapateo, du flamenco et de la danse classique, Pola donne en effet écho, avec vigueur et conviction, à la mélancolie qui s’échappe des morceaux qui l’accompagnent. Dans cette conversation, il répond, par les claquements de ses talons et autres accessoires, à la nécessité du rythme dans la baguala.

© Nina Laisné

D’extrait vidéo en performance, Como una baguala oscura trouve en tout cas rapidement son tempo. Nina Laisné prend le temps d’installer ses images, pour lesquelles elle peut compter sur les lumières sensibles de Shaly López et la prestance de son interprète dans toute sa générosité. D’un seul et même espace, elle en développe ainsi de multiples facettes et confère à chaque tableau dansé une esthétique et une atmosphère particulières. Toutes concourent à une pièce d’une belle délicatesse, une marque de respect sans concession dans laquelle flotte un doux parfum de résistance.


Como una baguala oscura
Création 2024 – Les 2 Scènes – Besançon
Vu au Théâtre La Vignette – Montpellier

Mise en scène et costumes Nina Laisné / Chorégraphie et interprétation Néstor ‘Pola’ Pastorive / Piano et composition Hilda Herrera (présence virtuelle) / Création lumières Shaly López / Son Arthur Frick / Régie générale et vidéo Stéphane Bordonaro / Son studio Mireille Faure / Images vidéos Dante Martinez / Confection costumes Florence Bruchon / Construction scénographie Atelier de la Maisondelaculture Scène nationale, Bourges / Peinture de la scénographie France Chevassut

Du 27 au 29 janvier 2025 : Théâtre La Vignette (Montpellier)
Du 31 janvier au 1er février 2025 : Théâtre GaronneICI&LÀ (Toulouse)
Le 4 février 2025 : Théâtre Molière (Sète)
Le 6 février 2025 : L’Arsenal (Metz)
Le 13 mars 2025 : ACB (Bar-le-Duc)
Le 18 mars 2025 : Espace des Arts (Chalon-sur-Saône)
Le 20 mars 2025 : Le Grand R (La Roche-sur-Yon)
Le 22 mars 2025 : Le QuaiFestival Conversations (Angers)
Du 25 au 26 mars 2025 : Bonlieu Scène nationale (Annecy)

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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