Magdalena, la virilité au service des féminismes

Dans le cadre du festival Magdalena Montpellier, L’Atelline récemment labellisée « Scène conventionnée d’intérêt national – Art et création » invitait hier le Détachement International du Muerto Coco dans le jardin de la Maison des relations internationales de Montpellier. Seul dans l’espace de jeu, Maxime Potard y présentait Danser dans mon petit salon sans me poser de questions, un questionnement autour de la virilité qui, à bien des égards, interroge aussi et avant tout les féminismes pluriels, thématique motrice du projet Magdalena.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
3 mn de lecture

Non, les paroles et les actes dits féministes ne sont pas de la seule responsabilité des femmes. N’en déplaise aux personnes qui accueillent cette cause avec une vision archaïque et souvent binaire des choses, la défense et la mise en lumière de ces sujets sont bel et bien du ressort de la société dans son intégralité.

Je revois certains individus s’inquiéter – s’offusquer serait plus juste – de la présence d’hommes dans la programmation de Magdalena Montpellier, un rendez-vous jusqu’alors réservé aux seules femmes. À ces remarques, la directrice artistique de l’événement Marion Coutarel assumait ses choix avec beaucoup de naturel, rappelant en substance qu’une cause ne pouvait être totalement défendue si elle se détachait de quiconque souhaitait s’en faire l’avocat.

C’est précisément dans ce contexte que s’est jouée Danser dans mon petit salon sans me poser de questions, une pièce conçue pour l’espace public et interprétée par Maxime Potard du Détachement International du Muerto Coco. Son fil rouge : le concept de virilité que l’artiste s’amuse à questionner, étirer, retourner, extrapoler, dans une tentative de définition qui se confronte à sa propre impossibilité. Prenant pour appui les témoignages de multiples rencontres, qu’il mêle à ses expériences personnelles et à ses envolées poétiques ou spectaculaires, il dessine sans s’en donner l’air une forme souvent boudée de féminisme.

À travers l’écriture de son spectacle, par ailleurs savamment construit de l’évidence vers l’allégorie, Maxime Potard travaille progressivement et avec beaucoup de générosité à la déstructuration des idées reçues. C’est même avec beaucoup de délicatesse qu’il aborde les sujets les plus propices à la facilité et aux raccourcis, auxquels il ne succombe à aucun moment. Insinuant peu à peu l’idée que la féminité d’un homme ou la masculinité d’une femme se valent, et que seul le regard que l’on porte à cet état de fait est susceptible de nous affecter, il gomme aussi bien les préjugés de sexe, de genre ou de sexualité.

Ainsi Danser dans mon petit salon sans me poser de questions entre en plein dans le projet Magdalena et y trouve une place particulièrement précieuse. Comme pour rappeler que la cause féministe est rarement du ressort de ceux qui en parlent le plus, Maxime Potard propose une performance sincère et sans pseudo-militantisme qui donne tout son sens aux enjeux de ce festival, dans une ouverture plus que pertinente que l’on ne peut qu’espérer pérenne.

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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