Au début de sa carrière, Nolan épate en enchaînant Following (1998), Memento (2000) et Insomnia (2002). Des films innovants, majoritairement reçus par des critiques très positives. En 2003 il est embauché par la Warner pour réaliser un nouveau film Batman. Finalement, Batman Begins (2005) sera le point de départ d’une trilogie au ton sombre et réaliste qui connaîtra un succès critique et commercial absolu. Au point que le deuxième volet, The Dark Knight (2008), est considéré pour beaucoup comme le meilleur film de super-héros jamais réalisé.
Pendant cette période, il signera également deux autres belles réussites : Le Prestige (2006) et Inception (2010), offrant aux spectateurs à la fois des scénarios complexes, une mise en scène spectaculaire, des castings toujours impressionnants et des collaborations musicales avec Hans Zimmer qui restent dans les mémoires… À la fin des années 2010, Christopher Nolan est probablement à l’apogée de sa carrière, sa recette semblant systématiquement faire mouche.
Ce style si efficace semblera s’essouffler par la suite. Si Interstellar (2014) connaîtra également un franc succès, il souffrira néanmoins de la comparaison avec 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick, pour qui Nolan n’a jamais caché sa grande admiration. Par ailleurs, la notion du temps est une nouvelle fois au coeur de l’intrigue, ce qui commence à sentir le réchauffé. Une sensation globale qui se fera bien plus insistante après Tenet (2020). Cette fois-ci, Nolan a laissé une partie du public sur la touche. Malgré des effets spéciaux en prises de vues réelles toujours très impressionnants, sa volonté de vouloir toujours plus accroître la complexité et d’étirer la temporalité en long en large et en travers a fini par lasser. On notera malgré tout que le metteur en scène originaire de Londres avait su se renouveler avec Dunkerque (2017). S’essayant pour la première fois au genre du film de guerre, il signa une expérience sensorielle saisissante, qui souffrit cependant d’une écriture générale trop impersonnelle.
C’est encore à travers un nouveau genre, le biopic, que Christopher Nolan revient en 2023. Il s’intéresse à Oppenheimer, le père de la bombe atomique, qui fut mise au point lors de la Seconde Guerre mondiale. Pour incarner le célèbre chercheur américain, Nolan a fait appel à l’un de ses acteurs fétiches, Cillian Murphy. La star de la série Peaky Blinders jouera pour la première fois un rôle principal chez le réalisateur. Il sera notamment entouré de Florence Pugh, Robert Downey Jr, Matt Damon et Emily Blunt. Annoncé comme le film le plus long du cinéaste avec une durée d’environ trois heures, Oppenheimer est sans conteste l’un des projets les plus attendus de l’année, qui réussira peut-être à donner à son réalisateur un nouveau souffle.
Fait cocasse : Oppenheimer, traitant de l’un des sujets les plus graves et sérieux de l’époque moderne, sortira en France le 19 juillet, soit le même jour que Barbie, le film de Greta Gerwig. Deux salles, deux ambiances…