Seule sur le grand plateau vide du studio Bagouet, Ondine Cloez observe les spectateurs qui rejoignent leurs places. Un léger sourire au coin des lèvres, elle semble déjà errer dans cet espace comme si elle était à la fois ici et ailleurs. La porte fermée, l’interprète s’approche du public et s’amuse en silence à faire réfléchir puis diffracter la lumière, dans une introduction muette aux propos qui vont suivre.
Lorsqu’elle finit par prendre la parole, Ondine Cloez nous raconte ses dernières vacances. Une période hors du temps que nous connaissons tous et qui nous donne l’impression de vivre temporairement une vie parallèle. De là part sa réflexion : peut-on prendre congé de son propre corps ? Tout comme certains bégaient quand leurs pensées vont plus vite que leurs mots, d’autres semblent, dans leur attitude ou leur démarche, être en avance ou en retard sur leur corps.
Tout le développement de Vacances vacance se fait à partir de ce constat. Alimentée par d’autres références comme l’expérience de mort imminente qui, elle aussi, est connue pour donner la sensation d’une séparation du corps, la pièce se transforme peu à peu en une conférence chorégraphique à laquelle le public prend part malgré lui.
Au fil de son discours, ponctué de recherches du mouvement, Ondine Cloez nous embarque dans une réflexion pertinente et irrésistiblement drôle. Sous ses airs de pince-sans-rire presque naïve, elle arpente des thématiques qui ouvrent à l’imagination et incitent à l’observation, dans une forme qui n’a besoin d’aucun artifice pour exister.
Aucun… ou presque. En point final de Vacances vacance, que l’on ne dévoilera pas ici pour préserver la découverte des futurs spectateurs, l’artiste s’amuse à faire le constat d’une expérience collective de la séparation du corps. Avec poésie, humour et simplicité, on touche du doigt un don d’ubiquité qui pourrait bien sommeiller en chacun de nous de manière inconsciente.
Le travail d’Ondine Cloez s’avance sur des thématiques sérieuses sans s’en donner les prétentions dans cette forme inédite et… trop courte ! S’il nous manque parfois une démonstration plus assumée de la forme chorégraphique, le sens et la réalisation de Vacances vacance n’en pâtissent pas pour autant. Une artiste à suivre pour son regard original sur l’art du corps.
CREATION, INTERPRETATION
ONDINE CLOEZ
CREATION LUMIERE
VIC GREVENDONK
DRAMATURGIE, CONSEIL A L’ECRITURE
MARINE BESTEL
REGARDS EXTERIEURS
SARA MANENTE, SABINE MACHER
AIDE A LA TRADUCTION VERSION ANGLAISE
BRYAN CAMPBELL