Bienvenue dans l’univers de Baro d’evel, un espace flou et chaotique comme les rêves. Ici vous pouvez laisser votre imagination prendre le dessus et vous embarquer dans une traversée onirique et sans logique. Dans Mazùt, reprise de 2012, tout ce qu’il y avait d’humain et d’établi s’est volatilisé, laissant place à une zone d’incertitude, de flottement, où les deux interprètes semblent évoluer parce qu’il le faut bien. D’ailleurs, toutes les notions de théâtre, de danse ou de cirque se sont évaporées elles aussi. L’objet que nous propose la compagnie catalane n’a plus rien d’identifiable, il prend forme dans la poésie et dans l’absurde, au gré des trouvailles scénographiques qui invitent à la rêverie.
Davantage que l’interprétation elle-même – qui apparaît parfois inégale et fragile dans la continuité du spectacle –, le travail des objets au plateau est particulièrement notable. Comme conçu de bric et de broc avec beaucoup d’ingéniosité et un sens certain de l’esthétique, Mazùt révèle une approche artistique du sensible. De compositions musicales et sonores à base de gouttes d’eau tombées d’un toit qui fuit, en feuilles de papier que l’on froisse, que l’on assemble et que l’on utilise comme costumes autant que comme décors, c’est un terrain de jeu entre la magie enfantine et la désillusion des adultes qui se dessine. Ici tout peut exister précisément parce que rien n’est véritablement.
Il est pourtant difficile de se défaire d’une lecture tournée vers l’humain. Perte de la notion de sens du travail, considérations environnementales – le titre du spectacle nous y amène évidemment –, abandon de soi ou des autres… Il y a tout de même quelque chose de très concret dans cet espace mental indéterminé. Mais en dépit de ces thématiques que l’on ne peut oublier totalement – et pour cause, les parois ne semblent pas étanches –, l’écriture du spectacle nous convie à nous en protéger, au moins temporairement. Nous réfugiant dans un cocon de papier au-delà duquel le monde continue de tourner, Baro d’evel conçoit avec Mazùt comme une cabane dédiée aux rêves et à la poésie. À chacun d’y trouver ce dont il a envie.
Mazùt
Création 2012 – Montpellier Danse
Crédits
écriture et mise en scène Camille Decourtye et Blaï Mateu Trias | avec Julien Cassier et Valentina Cortese | collaboration Benoît Bonnemaison-Fitte, Maria Muñoz et Pep Ramis | création lumière Adèle Grépinet | création son Fanny Thollot | costumes Céline Sathal | travail rythmique Marc Miralta | ingénieur gouttes Thomas Pachoud | construction Laurent Jacquin | régie générale Louise Bouchicot, Nicolas Zuraw (en alternance) | régie lumière et régie générale Louise Bouchicot en alternance avec Marie Boethas | régie son Timothée Langlois, Naïma Delmond (en alternance) | régie plateau Cédric Bréjoux
Dates
- Du 17 au 19 décembre 2024 à la Comédie de Saint-Étienne