Il y a d’abord ce qui pourrait être les prémices d’une fable écologique, de ces sujets à côté desquels il est impossible de passer. Dans ce village où la nature est encore considérée comme une divinité, les habitants vivent sous la protection d’une force plus grande qu’eux autant que dans la crainte de ses représailles. Créature entre l’humain et l’animal, la sorcière louve qui habite les bois a bel et bien un pouvoir sur les villageois, un pouvoir toutefois pas aussi magique qu’on pourrait le croire. Lassée de voir ses semblables disparaître sous les balles humaines, et tandis que sa propre fille vient de lui être enlevée, La Louve prend en effet une décision sans appel : un enfant pour un enfant, elle promet d’ôter la vie à une jeune fille si la sienne ne lui est pas rendue dans les trois jours.
Au fil de ce conte inspiré de Clémentine Beauvais, si la dimension environnementale reste évoquée en filigrane, c’est surtout un récit plus profond qui se tisse. Navigant au gré de thématiques fortes que sont l’identité, l’héritage familial ou la construction sociale, La Louve aborde en réalité des sujets capitaux qui transitent délicatement par le récit plutôt que de s’imposer comme vérités absolues. Ainsi Félicie Artaud va-t-elle chercher, pour son adaptation, une mise en scène qui s’appuie sur les images dans une approche du symbole qui ouvre à une lecture poétique. La metteuse en scène assume alors au plateau une ambiance qui s’instaure par les créations techniques qui l’accompagnent, impliquant une certaine exigence au jeune public à qui elle le destine.
Mais force est de constater que, si elle ne s’impose pas d’elle-même dès les premières minutes de la représentation, l’écoute des jeunes spectateurs se met bien vite en place. Il faut dire qu’en dépit d’une interprétation parfois trop caricaturale, La Louve attise la curiosité et l’empathie, notamment face au parcours de cette orpheline – l’un des personnages centraux de la pièce – à qui s’ouvre peut-être une chance de trouver enfin sa place, sous le regard sceptique de la nature elle-même. Avec cette création, Félicie Artaud ne propose ni une fable moralisatrice ni un récit d’initiation. La metteuse en scène crée au contraire un tableau dans lequel chacun peut lire sa propre histoire, à la faveur de la poésie des mots, des corps et des images.
La Louve
Création 2024 – Théâtre Molière Sète
Crédits
Texte : librement inspiré du récit de Clémentine Beauvais (Alice Editions) / Adaptation (sur base des improvisations des acteur·ice·s), mise en scène : Félicie Artaud / Collaboration artistique : Antoine Blanquart, Mathilde Lefèvre / Scénographie : Emmanuelle Debeusscher / Costumes et accessoires : Claire Farah / Création lumière : Dimitri Joukovski / Création sonore : Antoine Blanquart / Costume : Romain Duverne et Claire Farah / Avec : Brice Carayol, Mathilde Lefèvre, Sofia Nmili / Voix-off : Troupe permanente de la Bulle Bleue
Dates
- 8 novembre 2024 : Théâtre Molière Sète
- 13 et 14 décembre 2024 : Le Périscope (Nîmes)
- 9 et 10 janvier 2025 : Le Bateau Feu (Dunkerque)
- 13 et 14 janvier 2025 : La Faïencerie (Creil)
- Du 16 au 18 janvier 2025 : Le Vivat (Armentières)
- Du 22 au 25 janvier 2025 : Le Grand Bleu (Lille)
- Du 7 au 9 février 2025 : Momix (Kingersheim)
- 10 et 11 mars 2025 : L’Agora (Pau)
- 13 et 14 mars 2025 : Espace Jéliote (Oloron-Sainte-Marie)
- Du 17 au 20 mars 2025 : Le Parvis (Tarbes)
- Du 22 au 25 mars 2025 : Théâtre+Cinéma (Narbonne)
- 19 avril 2025 : Festival Puy-de-Mômes (Cournon d’Auvergne)
- 15 et 16 mai 2025 : Ligue de l’Enseignement (Davignac)
- 20 mai 2025 : Scène de Bayssan (Béziers)