S’inscrivant dans la mouvance des écritures chorégraphiques en provenance de Marrakech – et après une journée consacrée à la trilogie Le monde en transe –, focus sur l’un de ses interprètes. Danseur hip-hop de rue puis formé à la danse contemporaine au sein de la compagnie Anania de Taoufiq Izeddiou, Abdel Mounim Elallami donne à voir une pièce complète et non moins essentielle. Après une étape de travail présentée en salle Béjart lors de la précédente saison de Montpellier Danse, l’artiste éclectique questionne la construction de son identité. Interprète dans le premier spectacle de ladite trilogie, Hmadcha, présenté au Théâtre la Vignette, c’est dans une tout autre énergie que l’on rencontre à titre personnel ce brillant artiste.
Le corps comme nécessité
Dans son cheminement existentiel, Abdel Mounim Elallami invoque une gestuelle politique qui vient briser le dualisme masculin / féminin. Un acte dansé émanant d’un constat personnel, où le mouvement se mêle aux réminiscences de l’enfance. Avec une création lumière minimaliste et minutieuse, le corps du danseur évolue, marquant les injonctions de genre auxquelles nous sommes soumis, femmes et hommes.
Tel un acte de dévotion, Abdel Mounim Elallami oscille entre une danse intime et des mouvements empreints de gestes de sa mère, sous l’impulsion de sons diégétiques qui ont marqué son enfance et invoquent en lui cette figure maternelle.
Les mots s’invitent alors à la mimesis. Et c’est dans une démarche physique et verbale que l’interprète vient explorer avec le public son propre rapport à l’identité, quitte à venir le pincer pour en improviser une forme de consensus.
Objet précieux et dense en dépit de sa courte forme, Idée est une réplique à un cri d’urgence, où l’écriture chorégraphique accompagne les maux de l’exigence personnelle. Une performance dans laquelle le spectateur assiste à la déconstruction et à la résistance d’un individu au-delà des déterminismes sociaux, et dont le mouvement vient libérer l’esprit.