Dans « GLITCH WITCH », Meg Stuart se met en quête de l’unisson

Pour sa nouvelle création, Meg Stuart s’empare du grand plateau du Théâtre Garonne à Toulouse. Dans GLITCH WITCH, la chorégraphe américaine cherche à provoquer la rencontre collective de trois femmes aux individualités bien marquées.

Peter Avondo
Peter Avondo  - Critique Spectacle vivant / Journaliste culture Créé au Théâtre Garonne
4 mn de lecture

Boîte de nuit recouverte sous ses propres cendres ou planète inconnue sur laquelle évoluerait une forme de vie extra-terrestre, l’espace scénographié par Nadia Lauro laisse toute place à l’interprétation. Les immenses boules à facettes qui jalonnent le plateau comme si elles y poussaient suggèrent d’ores et déjà un décor lunaire et magnétique, bientôt révélé au fil de GLITCH WITCH par les lumières de Nico de Rooij. Ici résistent encore quelques platines et une console son, mais tout autour semble dévasté. En ce lieu, le temps est désormais à la reconstruction.

Entourée d’Omagbitse Omagbemi et de Mieko Suzuki, Meg Stuart envisage sa nouvelle création comme une expérience de transe collective. Réunissant leurs origines, leurs récits et leurs disciplines respectives au même endroit, les trois femmes explorent dans GLITCH WITCH une forme d’être ensemble dans un environnement pourtant particulièrement hostile. Pas tout à fait à leur place dans cet univers post-apocalyptique qui semble avoir renoncé à toute forme de vie organique, les interprètes s’en servent comme terre d’expérimentation, là où l’individu rencontre le groupe dans une tentative de geste commun.

© Laura Van Severen

Dans cette traversée presque mystique, la musique électronique dirigée par Mieko Suzuki donne une puissante réplique aux corps de ces trois femmes venues faire société. Travaillant sur la sculpture spatiale de ses tonalités électroniques comme sur les basses profondes qui font vibrer les chairs, la musicienne embarque avec ses compositions tout ce qui l’entoure. Elle contribue ainsi à créer l’atmosphère lourde et oppressante qui marque l’essentiel de GLITCH WITCH.

Mais en dépit de l’espace visuel et sonore dans lequel elle s’inscrit, l’écriture chorégraphique de Meg Stuart s’avère moins lisible. Si l’artiste charme par certaines images qu’elle construit lors de quelques extraits captivants qui suspendent le temps, ses recherches la mènent surtout à imaginer des passages plus expérimentaux pour lesquels le manque de précision et d’adresse se traduit par une distance qui s’impose d’elle-même entre la salle et le plateau. Reparties comme elles sont venues, ces trois sorcières ont en tout cas désormais matière à imaginer un renouveau commun sur les bases de cette terre calcinée.


GLITCH WITCH

Crédits

chorégraphie Meg Stuart / avec Omagbitse Omagbemi, Meg Stuart, Mieko Suzuki / musique live Mieko Suzuki / scénographie Nadia Lauro / création lumière Nico de Rooij / création costume Claudia Hill en collaboration avec les performeuses / dramaturgie Igor Dobričić / assistant.es artistique Luna Luz Sanchez, Valentin Braun / assistantes costumières Kahori Furukawa, Juliane Längin / coordinateur technique Tom De Langhe / son Vagelis Tsatsis / lumières Nico de Rooij/Kevin Strik / régisseur de plateau Matty Zighem / directrice de production Hélène Philippot

Dates
  • 16 au 18 octobre 2024, au théâtre Garonne, à Toulouse
  • 4 au 6 décembre 2024, au Kaaitheater, à Bruxelles 
  • 12 & 13 décembre 2024, au Concertgebouw Brugge à Bruges
  • 19 au 21 décembre au Kunstencentrum VIERNULVIER, à Ghent
  • 21 & 22 mars au Tanzquartier Wien, à Vienne

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Par Peter Avondo Critique Spectacle vivant / Journaliste culture
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Issu du théâtre et du spectacle vivant, Peter Avondo collabore à la création du magazine Snobinart et se spécialise dans la critique de spectacle vivant. Il intègre en mars 2023 le Syndicat Professionnel de la Critique Théâtre Musique Danse. 06 22 65 94 17 / peter.avondo@snobinart.fr
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