Pour sa première grande exposition, Stéphane Tarroux (le nouveau directeur du Musée Paul Valéry) a souhaité réaliser une rétrospective de l’oeuvre de François Boisrond. Ce focus sur les décennies de travail de l’artiste n’est pas anodin. En effet, François Boisrond a engagé une relation avec Sète depuis de nombreuses années, notamment lorsqu’il a rencontré Hervé Di Rosa aux Arts décoratifs, qui lui a lui-même présenté Robert Combas.
Durant cette balade chronologique, nous découvrons la première période artistique de François Boisrond consacrée à la Figuration Libre. Au début des années 1980, Boisrond, Combas, Di Rosa et Blanchard prennent le contre-pied de l’art conceptuel et minimal en revenant à la peinture. Dans ses peintures, l’artiste dévoile ses inspirations et le début d’une grande carrière : « ses premières œuvres révèlent un don unique pour styliser la forme ? Il mêle sans hiérarchie des emprunts faits aux beaux-arts et aux arts appliqués, à l’art brut, à l’affiche, à la BD, au Pop Art ou à la télévision. »
Dans les années 1990, François Boisrond traverse un moment de doute et décide de se réinventer sur le fond et sur la forme. Il raconte le quotidien parisien dans une démarche naturaliste. Il observe les rues des la capitale à la recherche d’un sujet. Durant cette décennie, L’artiste aborde également sa relation aux peintres en se réappropriant des chefs-d’oeuvre comme Le Déjeuner sur l’herbe de Manet. C’est une manière pour lui de redécouvrir ces tableaux avec une démarche quasi-religieuse. Il poursuit cette interrogation autour de la peinture et l’art contemporain avec une série sur les Biennales et Musées à la fin des années 1990. François Boisrond change sa pratique en utilisant les produits numériques en décomposant l’image afin qu’elle corresponde à ses souvenirs.
A l’aube du deuxième millénaire, François Boisrond s’intéresse au film Passion (1982) de Jean-Luc Godard, dans lequel sa femme (qu’il ne connaît pas encore au moment de la sortie du film) joue le rôle de la Baigneuse d’Ingres. Si Godard s’intéressait alors à la transposition de la peinture vers le cinéma, Boisrond lui fait le contraire en faisant une transposition du cinéma vers la peinture.
L’exposition se termine avec un travail inédit de l’artiste avec la série des Uniformes. Il y explore les attitudes et compositions laissées par les maîtres de la peinture avec des modèles contemporains. Enfin, la série La Vie des saints est également présentée et lui permet d’aborder le tragique dans une œuvre riche.
Avec sa première grande exposition au Musée Paul Valéry, Stéphane Tarroux parvient à offrir aux visiteurs quarante années de travail d’un peintre majeur de notre pays.