Quarante ans ça se fête ! Voilà quatre décennies que les Fonds régionaux d’art contemporain sont nés ! Partout en France, les Frac proposent une programmation riche réalisée à partir de leurs collections… et le Frac Occitanie Montpellier ne manque pas à l’appel ! Pour commencer cette année, la structure a lancé Fondamentales, faire revivre autrement cette oublieuse mémoire. Conçue à partir de ses collections, cette exposition met en avant les œuvres majeures achetées par le Fonds régional d’art contemporain durant les dernières décennies. L’équipe nous explique que « la quarantaine est souvent associée à un âge de transition, celui de la raison. Cette exposition inédite s’inscrit dans ce temps de transition, au sens symbolique et concret. Ce contexte particulier est l’occasion pour celles et ceux qui travaillent quotidiennement avec les œuvres de porter un regard collégial et désirant sur la collection. »
L’idée était donc de réunir des œuvres iconiques qui seraient à la fois le reflet de l’époque artistique contemporaine mais aussi des acquisitions du Frac. C’est une sorte de regard symbolique porté sur l’histoire contemporaine de l’art, mais aussi sur des choix faits par ceux qui ont dirigé la structure. Nous trouvons dans cette sélection cinq étoiles les œuvres de Man Ray, Mike Kelley, Nina Childress, August Sander, Benoît Broisat, Louise Lawler, General Idea, Jesper Just, Manuel Ocampo, Christian Boltanski et Paul McCarthy. L’exposition est incontestablement une réussite. Si les pièces majeures présentées apportent forcément un gage de qualité, il a forcément fallu faire un choix pour apporter une cohérence àFondamentales. Ces œuvres nous bousculent, nous interrogent et nous parlent. Ce choix, à la fois engagé et poétique et ne nous a clairement pas laissé indifférent et son accrochage non plus…
Focus sur Spaghetti Man de Paul McCarthy
Pour l’exposition Fondamentales, le Frac a décidé de mettre en avant une œuvre majeure sur ses supports de communication. Cette pièce trône au milieu de l’espace a tel point que de nombreux passants (même les plus profanes) entrent dans le lieu pour la contempler. Il s’agit de Spaghetti Man signée par l’artiste américain Paul McCarty. Son nom ne vous est peut-être pas inconnu… En 2014, il avait installé son œuvre Tree sur la place Vendôme à Paris à l’occasion de la Foire internationale d’art contemporain (Fiac). Plusieurs individus s’étaient insurgés devant cette œuvre gonflable verte de 24 mètres de haut en forme de plug anal, certains venant même jusqu’à agresser l’artiste américain et à vandaliser la création. Devant tant de haine, la Fiac et McCarthy prirent la décision de ne pas réinstaller Tree.
Au-dela de ce triste épisode, Paul McCarthy est un artiste mondialement connu et reconnu. Touchant à de nombreux supports (sculpture, installation, performance, vidéo, photographie…), McCarthy a acquis une renommée internationale en réalisant des œuvres paradoxales, scandaleuses, jouant avec le grotesque et la provocation avec un humour corrosif. Il détourne les images de la culture populaire, en particulier l’univers créé par Walt Disney, pour critiquer le système de valeurs dominant du monde occidental, notamment aux Etats-Unis. Vous l’aurez compris, McCarthy bouscule la morale et son œuvre a le don de ne pas laisser indifférent…
Le Frac Occitanie Montpellier nous décrit Spaghetti Man comme : « un personnage hybride et fantasmatique. L’artiste exhibe le grotesque , la bestialité de l’homme et l’ambiguïté sexuelle. » Cette sculpture de 2,5 mètres (faite en fibres de verre, métal, silicone, fourrure acrylique et vêtements) représente un lapin en peluche avec d’un corps humain et doté d’un phallus de 15 mètres. A travers cette œuvre, McCarthy explore les thèmes de l’enfance et de la violence sociale.