« The Last Dance » de Corine Borgnet

Présentée comme une exposition d'été, The Last Dance de Corine Borgnet a été prolongée jusqu'au 4 janvier 2026. Nous avons découvert l'univers riche et décalé d'une artiste hors normes qui transforme le Suquet des artistes en véritable cabinet de curiosités.

Thibault Loucheux-Legendre
Thibault Loucheux-Legendre  - Rédacteur en chef / Critique d'art
3 mn de lecture

Les deux expositions cannoises Poussière d’étoiles de Jean-Michel Othoniel et The Last Dance de Corine Borgnet ont toutes les deux été prolongées jusqu’au début de l’année. On peut le comprendre tant les œuvres du maître du verre subliment cet écrin flambant neuf de la Malmaison, alors que l’exigeant Suquet des artistes accueille l’une des artistes les plus inventives de sa génération.

Corine Borgnet transforme l’espace en un cabinet de curiosités reprenant ses créations sur plusieurs décennies. L’univers est dense et jouissif, les matériaux sont riches et singuliers… Des os de volailles à la jesmonite, des post-it aux animations 3D, en passant par la photographie ou le dessin.

Ce qui est passionnant dans le travail de Corine Borgnet, c’est la manière dont elle se saisit de sa mythologie personnelle pour aborder des sujets métaphysiques avec audace, humour et esprit.

La plasticienne s’empare d’une culture qu’on pourrait qualifier de « classique » ou « traditionnelle » et parvient à trouver un équilibre subtil entre révérence et impertinence. On pense à l’iconographie religieuse avec la pièce La Pacte au Féminin qui représente deux mains jointes entourées d’une corde ou St Sébastien Enfant qui est percé de flèches en plastique jaune. Comment ne pas signaler deux pièces majeures de l’exposition, avec The Night is Young, La Parisienne, robe de soirée réalisée en os de volailles et impression 3D, ainsi que The Last Supper, table dressée sur laquelle s’épanouit tout un monde entre vaisselle en jesmonite et créatures en os de volailles.

Tout au long du parcours, nous traversons une existence, de la naissance à la disparition. L’exposition débute avec l’autoportrait auréolé de l’artiste qui hurle (sa version du Cri de Munch), comme quand l’enfant signale son arrivée sur Terre. Nous allons apprendre, traverser les moments du quotidien, vivre des drames, faire des rencontres, nous livrer à des croyances… Jusqu’à poursuivre notre route vers la fin, comme ces animaux en voie de disparition que l’artiste semble avoir coupée pour ne laisser que les pattes qui se dirigent d’un côté vers la Lune et de l’autre en direction Mars, tout en s’éloignant de son centre qui pourrait être la Terre.

La dernière salle nous annonce un calvaire, avec une reproduction toute personnelle de la couronne d’épines du Christ, ainsi que No Man’s Land, une vidéo montrant un cœur entouré de barbelés qui attend de s’éteindre… Enfin, Corine Borgnet ironise sur la mort avec la dernière œuvre de l’exposition, une dalle en marbre sur laquelle il est inscrit à la feuille d’or : Épitaphe toi-même. Une exposition comme une dernière danse en somme…

The Last Dance
Suquet des artistes (Cannes)
Jusqu’au 4 janvier 2026

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Par Thibault Loucheux-Legendre Rédacteur en chef / Critique d'art
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Après avoir étudié l'histoire et le cinéma, Thibault Loucheux-Legendre a travaillé au sein de différentes rédactions avant de lancer Snobinart et de se spécialiser dans la critique d'art contemporain. Il est également l'auteur de plusieurs romans. 06 71 06 16 43 / thibault.loucheux@snobinart.fr
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