Il y a encore quelques années, le Mo.Co s’appelait encore « l’Hôtel des collections ». Tel était l’objectif de Nicolas Bourriaud à l’origine du projet montpelliérain que de montrer des collections privées dans l’Hôtel Montcalm. Une belle idée qui permettait aux visiteurs de découvrir des œuvres trop peu montrées dans les musées. Avec l’arrivée de Numa Hambursin, la direction artistique du musée montpelliérain a changé, le directeur souhaitant élargir les propositions avec des expositions thématiques, monographies… Mais cette nouvelle Parade, une scène française montre que le Mo.Co n’en a pas fini avec les collections…
Laurent Dumas a commencé sa collection il y a plus de vingt ans s’intéressant un peu plus chaque année à la scène française. On découvre dans l’exposition des œuvres généreuses par leur format, principalement des peintures figuratives, mais également des toiles abstraites, des sculptures, photographies ou installations qui permettent d’avoir un panorama sur la création française depuis plusieurs décennies. Les styles, les supports et les médiums se mélangent, passant des Nouveaux Réalistes avec Raymond Hains et Daniel Spoerri aux installations de Christian Boltanski et Annette Messager, en passant par la peinture figurative des artistes des années 1980-90 avec Jean-Michel Alberola et Jean-Pierre Pincemain, ou encore de plus contemporains comme Nina Childress, Damien Deroubaix, Claire Tabouret, Dora Jeridi…
Les organisateurs nous signalent que « la collection Laurent Dumas n’a pas été constituée comme un échantillonnage de l’actualité, qui en donnerait un aperçu exhaustif mais sommaire. Au contraire, chacune des œuvres choisies l’a été de façon éminemment subjective, par coup de cœur plutôt que par raisonnement objectif ». Quel choix judicieux ! Quel bonheur de voir que l’art n’est pas que théorie ou référence à l’actualité, mais aussi et surtout un plaisir esthétique subjectif déjouant toute volonté de rapprochement à une forme de rationalité ou d’engagement. Il en résulte une exposition qui mise sur l’ouverture, d’une grande richesse avec des œuvres jouissives brillamment mise en espace par le commissaire Éric de Chassey. Un accrochage et des pièces qui sont comme une parenthèse qui éloigne des querelles que le monde de l’art a pu connaître ces dernières décennies. Les œuvres parlent entre elles et se donnent à voir avec une grande générosité aux visiteurs. Si beaucoup de pièces de l’exposition se rapprochent d’un coup de cœur, Parade, une scène française est une grande fête qui pourrait être représentée en une œuvre qui a donné son titre à l’exposition : Parade d’Assan Smati. En ces temps de troubles pour la culture, cela fait du bien d’abandonner la morosité le temps d’une exposition et de ressortir avec le sourire.
Signalons également que Laurent Dumas et Emerige sont au cœur d’un projet ambitieux d’ouvrir un centre d’art à la Pointe des Arts Ile Seguin à Boulogne-Billancourt en 2026.